En plein cœur de l’Argonne ardennaise, le Centre de recherche et de formation en écoéthologie (Cerfe) qui dépend de l’université de Reims, est dirigé par Remi Helder, directeur et ingénieur de recherche. Le programme qu’il mène actuellement « Efacilt 2020-2023 » vise à aider la faune sauvage à traverser en sécurité les couloirs créés par les hommes (autoroutes, canaux, voies ferrées…). Les premiers résultats qui viennent d’être communiqués sont riches d’enseignement. « Mon objectif est d’identifier, où et par quel type de passage, la faune franchirait plus volontiers l’obstacle. Il ne suffit pas de construire des corridors, encore faut-il qu’ils soient bien placés et attractifs. Mes recherches ont pour cadre l’autoroute qui relie Reims à Charleville, ainsi que le canal des Ardennes, mais elles seront applicables partout ». Les espèces étudiées en priorité par le Cerfe sont le cerf, le sanglier, le chevreuil et la martre. « Les ruptures de connectivité dans le paysage, dues à un ouvrage humain, empêchent les animaux de se déplacer. Ils ne peuvent plus partir se reproduire ailleurs. Cela a pour effet de bloquer le brassage génétique qui assure la survie des espèces » précise Remi Helder, qui ajoute : « Nous allons lancer, au printemps 2023, un projet participatif : demander aux riverains, chasseurs, randonneurs de nous signaler les endroits où ils voient des cadavres d’animaux. Cela nous donnera une indication sur les lieux où la faune tente de traverser ». Quand toutes ces données seront analysées, des travaux seront consacrés à la construction de corridors adaptés aux animaux, suffisamment larges, réservés uniquement à la faune et végétalisés un maximum. « Certes, le coût de ces aménagements sera élevé, mais la survie des espèces n’a pas de prix. Notre centre travaille à l’aide de plusieurs outils dont la génétique. Grâce à la FDC des Ardennes qui fait partie de nos partenaires, des prélèvements ADN sur les animaux sont faits de l’un et de l’autre côté de l’autoroute. Si nous constatons qu’il n’y a pas de mélange génétique, cela signifie que l’animal est bloqué d’un côté. Les premiers résultats montrent que c’est le cas pour le cerf. Nous avons également équipé une trentaine d’animaux de colliers GPS afin de suivre leur trajectoire… ». Un projet à suivre tellement il est prometteur.