Lorsqu’un sanglier de bonne taille, vessie vidée, est mené par les chiens depuis un bon moment, il est bien difficile de juger de son état de fatigue. S’il maintient l’allure du trot, son apparence ne change pas, si ce n’est que ses soies se hérissent dès qu’il voit quelqu’un. Il trotte la queue droite et les oreilles bien mobiles. Généralement, les signes avant-coureurs de sa lassitude sont le ralentissement de sa course, l’abandon de la fuite en ligne droite, remplacée par une chasse tournante, voire des fermes roulants. Il en vient donc à trotter à quelques mètres devant les chiens, tout hérissé, s’arrêtant de temps en temps pour essayer de se débarrasser des plus gênants, et repartir… jusqu’à l’arrêt final, avec le concert enivrant des abois. Ce moment est, pour le chasseur, le plus beau des spectacles, mais attention, servir un sanglier au ferme demande du sang froid. Il y va de la sécurité des chiens et peut-être d’autres chasseurs. Le sanglier acculé protègera ses arrières. Il s’adossera à un gros buisson, à un gros tronc d’arbre ou à un tas de bois et cela lui permet de faire face aux assaillants. Mieux vaut donc y aller à deux, mais toujours côte à côté et jamais face à face pour les raisons que l’on devine. Quant au sanglier qui n’a pas eu, au départ, ou au début de la menée l’occasion de vider sa vessie, il aura rapidement une gêne au niveau des reins, rendant l’élimination des toxines insuffisante. Le cœur se met alors à réagir, créant la dyspnée d’effort (difficulté de la respiration).

Tout est passionnant dans la chasse du sanglier. Travailler avec un fin limier et le rembucher dans une enceinte est un travail qui demande des jambes. Mais quelle belle musique lorsque l’on découple les chiens à quelques mètres de la bauge, où lorsque l’on met ses rapprocheurs sur une bonne voie. Un sanglier tiré et légèrement blessé est plus dangereux qu’un animal forcé. Il faut se méfier quand on a « boulé » un sanglier d’une balle et qu’on entre sous-bois à sa poursuite. Il peut vous charger à l’improviste. Dans ce cas, il importe avant tout de garder son sang-froid, et de ne tirer qu’à bout portant pour le tuer net. En dehors du ferme, c’est à l’attaque que l’on est le plus souvent chargé, lorsqu’il s’agit de sortir de sa bauge un animal hargneux qui ne veut pas courir. Là, il faut prendre ses précautions. L’animal furieux d’être dérangé est en possession de tous ses moyens. Il a toute sa vivacité, tout son souffle et toute sa puissance. Ayez donc une bonne carabine, d’assez gros calibre, car il faut de la masse, et… placez votre balle au bon endroit.