Dans cette pratique, l’homme ne choisit pas, et contrairement à ce que pensent certains, les chiens non plus d’ailleurs. Alors pourquoi se lancent-ils à la poursuite de tel ou tel sanglier ? C’est la réponse à cette question qui nous ramène au rôle du prédateur et de sa proie. La sélection naturelle se passe à ce moment précis, face à la meute. Un sanglier courageux fera front, soit parce qu’il est conscient de sa force, soit parce qu’il a à défendre sa progéniture alors qu’un autre, moins confiant ou plus couard, prendra la fuite. C’est lui, qui par son comportement se désignera à la meute qu’il entrainera à sa poursuite. Dans la nature, c’est ce rapport de force qui rétablit les équilibres, facilitant la disparition des plus faibles mais surtout conservant les plus rusés, les plus forts et les plus résistants. Comme sélection naturelle, on ne peut faire mieux…

 

Des statistiques séduisantes

La lecture des tableaux de chasse à tir aux chiens courants montre une proportion légèrement plus élevée de mâles (53%) que de femelles (47%). Une explication est avancée : les mâles font, dans la nuit, de plus longs déplacements que les femelles freinées par leurs marcassins. Ces errements des mâles laissent donc plus de traces, multipliant les chances de rencontres. Si la finalité n’est que la recherche du tableau, il est évident que l’on peut se passer de courants, mais cela nous rapproche de la traque-affût, dont le but est de faire du tir, soit de sélection, soit d’élimination. Nos voisins allemands, fervents pratiquants de ce mode de chasse ont cependant tendance à lui tourner le dos, au profit de menées plus sonores. Même évolution en Pologne, où les griffons nivernais et vendéens font souche, les chasseurs cherchant à redécouvrir les récris des courants dont ils ont été privés durant près de trois générations. Ainsi, chaque prélèvement assaini une compagnie qui voit partir les plus faibles, mais qui conserve les plus forts, les plus rusés, les plus aguerris. Ce sont eux qui assureront la perpétuation de l’espèce…