Des pare-brise tapissés d’insectes, des près riches de sauterelles, des butineurs en nombre sur les fleurs… Ces images du passé commencent à manquer. Mais il en aura fallu du temps pour que l’humanité admette que, depuis un demi-siècle, nous avons dramatiquement réduit l’abondance de la vie sauvage. De nombreuses espèces autrefois courantes sont devenues rares. En 1962 paraissait l’ouvrage de la biologiste Rachel Carson : « Printemps silencieux », qui dénonçait déjà l’usage massif des pesticides. Soixante ans plus tard, le chercheur Dave Goulson tire à son tour la sonnette d’alarme avec son nouveau livre, « Terre silencieuse : empêcher l’extinction des insectes », paru le 8 février dernier aux Editions du Rouergue.
« Les déclins qui touchent la biodiversité passent en général inaperçus. On a la preuve que les insectes, mais aussi les mammifères, les oiseaux, les poissons, les reptiles et les amphibiens sont aujourd’hui beaucoup moins abondants qu’ils ne l’étaient quelques décennies plus tôt. Mais comme ce changement se fait lentement, il est difficile à percevoir… Dans le milieu scientifique, on admet désormais que nous souffrons tous du « syndrome de la référence changeante », phénomène qui nous fait accepter comme normal le monde dans lequel nous grandissons, même s’il est très différent de celui dans lequel nos parents ont grandi » écrit-l’auteur qui ajoute : « Que l’on ait si peu de certitudes sur le taux de déclin des insectes est effrayant, car on sait qu’ils sont essentiels en tant qu’aliments, pollinisateurs et recycleurs… Il faut se battre contre l’oubli, s’accrocher à ce sentiment de perte. Les programmes de surveillance de la faune sauvage nous y aident en mesurant le changement. En nous autorisant à oublier -comment c’était avant- nous condamnons les générations futures à vivre dans un monde morne, appauvri, privé de l’émerveillement et de la joie que nous apportent le chant des oiseaux, les papillons, le bourdonnement des abeilles ». Un ouvrage à lire.
alabillebaude
La chasse... demain !