Nous avons abordé, ici même dans notre rubrique du 17 février dernier, le projet « Life Wild Wolf », pour contenir les loups dans les paysages anthropiques d'Europe. Dans un courriel que nous avons reçu mardi dernier, Paul Bouwmeester, citoyen des Pays-Bas habitant Prinsenbeek, précise : « Je ne suis pas chasseur (malheureusement), mais je déteste, depuis 30 ans, les actions des animalistes et leur influence négative sur la nature de notre pays (Pays-Bas), tant pour les oies sauvages et les prédateurs comme le renard, et maintenant le loup. Ne voyant pas une contre-action effective de la part de nos chasseurs, j'ai commencé (il y a 10 ans) à écrire moi-même sur le sujet sur le website « Jachtargumenten » (Arguments pour la chasse), et maintenant j'écris régulièrement pour le journal « Jacht & Beheer » (La chasse et la gestion du territoire). J’ai pu me procurer une copie du livre « Wolves in Russia », et j’en ai publié un résumé en hollandais. Notre pays est très petit et très densément peuplé, et du loup, on a déjà trop d'individus. C’est un peu comme si, en France, vous aviez une meute dans le bois de Boulogne…
Paul Bouwmeester revient donc sur ce dossier en ces termes :
« Le 23 janvier 2023, la FACE a annoncé le lancement d'un projet sur 5 ans, pour étudier comment faire face aux loups qui s'approchent de plus en plus près de l'environnement humain. Cofinancé à hauteur de 7 028 148 € (dont 5 265 454 de l’UE) dans le cadre du programme LIFE, ce projet bénéficie d'une équipe multidisciplinaire de 18 partenaires, dont 7 universités ou instituts de recherche, autorités de gestion nationales et locales, et ONG des zones d'intérêt environnemental et cynégétique, de 9 pays de l'UE, avec l’Institut italien of Applied Ecology (IEA), bénéficiaire coordinateur des travaux.
Le projet ne doit pas tarder, et nous attendons avec intérêt les futurs résultats. Cependant, on ne saurait trop insister sur le fait que cela ne doit pas conduire à ce que les connaissances que nous possédons déjà, ne soient pas pleinement exploitées. Les négliger serait inacceptable. Avec ces connaissances, nous nous référons en particulier à ce que l'on sait des vastes expériences de Will N. Graves et Valerius Geist, telles que décrites dans leur livre « Wolves in Russia », avec le sous-titre « Anxiety Through the Ages », ainsi que des publications de Charles E Kay et le livre « The real wolf » de Ted B. Lyon. Un certain nombre d'articles liés, en néerlandais, ont été publiés sur le site du NOJG. Une option de traduction est disponible, mais attention, car les traductions automatiques, qui sont très utiles, peuvent contenir des erreurs d'interprétation.
Loups et biodiversité : ce que nous savons déjà :
- Le loup, de nature, est très timide, extrêmement prudent, et facilement effarouchable.
- Au moment où le loup attaque un humain, il est déjà profondément conscient que sa future victime est inoffensive.
- Une protection illimitée conduit donc le loup à perdre sa peur profonde de l'homme, et cela conduira, sans aucun doute, à des situations dangereuses.
- Tant que sa proie standard est présente en quantité suffisante, le loup n'en changera pas.
- Une éventuelle nouvelle proie est d'abord étudiée à distance, pendant un certain temps, puis approchée avec précaution avant que le loup, initialement hésitant, ne l’attaque.
- Il existe de nombreux rapports d'attaques contre des humains par des loups rabiques, mais aussi par des loups en bonne santé.
- Des attaques contre des humains sont encore d’actualité aujourd'hui (voir littérature recommandée 8 et 9).
- Lorsque la population de proies sera épuisée, le loup en cherchera d'autres, puis, poussé par la faim, perdra sa timidité et deviendra ainsi dangereux.
- Il n'y a pas de mécanisme naturel qui limite quantitativement une population de loups, sauf par l'épuisement de l'habitat et de ses ressources.
- Le loup tue souvent pour tuer (over-kill), même dans des zones non fermées. En général, la proie est régulièrement un peu consommée (de 1 à 2,5 kg), mais quelques fois, pas du tout. Cet over-kill se traduit souvent par une décimation très accélérée des animaux proies.
- Une population d'ongulés n'est pas équilibrée par le loup. Au contraire, une prédation excessive sur les jeunes animaux conduit à une population vieillissante et déséquilibrée dans ses classes d'âges.
- Avec la présence de loups, rien ne permet d'affirmer qu'un biotope deviendrait plus sain et que le prédateur aurait une influence positive sur la biodiversité. Il y a cependant des indications contraires (existence du predator-pit (2 et 3)).
- Les traits généraux ci-dessus s'appliquent au loup gris (Canis Lupus) dans le monde entier.
- Vivre avec le loup reste possible, mais uniquement en respectant les traits, tant qu’ils sont biologiquement déterminés
Conditions de cohabitation avec le loup :
- Le loup ne doit pas s'habituer à l'homme.
- Cependant, il doit y avoir un contact modéré avec les humains, pour que le loup continue à les voir comme une menace possible. Pour cela, une chasse « modérée » est nécessaire.
- Sur le territoire du loup, il doit toujours y avoir beaucoup de gibier (ongulés) présent. Le ratio loup/ongulé doit donc être très faible.
- A cette fin, il faut empêcher l’augmentation de la population de loups par la chasse, et, dans le même temps, l'échange génétique doit être possible pour éviter la consanguinité.
Ces termes signifient que :
- Un habitat de loup doit être dans une zone isolée.
- Le tourisme de vision doit être exclu.
- Les animaux de rente ne peuvent être présents dans la zone, que dans une mesure limitée et seulement s’ils sont bien protégés.
- Chasser le loup le rendra extrêmement prudent, et de plus en plus difficile à prélever.
- Pour un territoire équilibré, le nombre de loups doit être déterminé, être d’une superficie suffisante et riche d’un stock de gibier suffisant.
- Pour permettre l'échange génétique, certaines de ces zones doivent être mutuellement accessibles par les loups.
- Les pays doivent être autorisés à éloigner ces prédateurs des zones qui ne remplissent pas les conditions nécessaires, et ce par tous les moyens.
- Les pays qui ne peuvent pas remplir les conditions nécessaires, par exemple en raison d'un manque d'espace, doivent être libres d'exclure complètement le loup.
Superficie minimale :
Dans une section sur la Biélorussie, Graves mentionne que 8 à 10 loups par 100 km2 est une densité bien trop élevée, les loups tuant rapidement toutes les proies disponibles. Si l'on suppose que 1 loup par 100 km2 est un niveau bas (3), on arrive quand même, pour une meute de 5 animaux, à 500 km² (soit 50 000 ha), et comme il faut au moins trois de ces habitats, nécessaires aux échanges génétiques, une superficie viable représente donc 1 500 km² (150 000 ha) de zones isolées.
Suggestions pour la FACE :
- Les efforts de la FACE, pour priver le loup de son statut de « protection stricte » en Europe, peuvent être renforcés par un fort accent sur l'impossibilité biologique d'une coexistence pacifique, comme expliqué ci-dessus.
- Le livre « Wolves in Russia » de Will N. Graves est actuellement épuisé. Il en va de même pour le livre « The real wolf » de Ted B.Lyon. La FACE pourrait éventuellement initier une réimpression limitée. Quelques exemplaires se trouvent encore dans certaines bibliothèques en Europe (1).
- La FACE pourrait contacter des scientifiques de Russie et des anciennes républiques soviétiques. Graves donne une liste compacte des publications (en anglais) de ces régions.
- La FACE pourrait faire stimuler l'étude de la prolifération des zoonoses par le loup…
Paul Bouwmeester, 28 mars 2023
Littérature recommandée :
- 1 : Wolves in Russia, Will N.Graves, ISBN 978-1-55059-332-7, disponible dans les bibliothèques,
- 2 : Biological predator deserts in Siberia and North America, Geist, V. 8/23/2019,
- 3 : Escape from the predator pit, Prugh, Laura R., Rodney Boertje e.a.
- 4 : When do wolves become dangerous to humans ? Geist, V. September 29, 2007,
- 5 : Wolf Recovery, Political Ecology and Endangered Species, Charles E.Kay, January 2, 1996,
- 6 : Beyond Wolf Advocacy, Valerius Geist, 2008,
- 7 : When Ignorance is Bliss, Valerius Geist, 2003,
- 8 : Aanvallen wolf op mens A.D.1600 - 2021
- 9 : Wolf attacks on humans 2002-2020, John D. C. Linnell, Ekaterina Kovtun & Ive Rouart
-10 : The real wolf. Ted B.Lyon Will N. Graves, Apr 3, 2018
-11 : The gray Wolf revealed, Kaj I Granlund and Will N Graves, Nov 8, 2019
Réaction
De J-C.M.
Il y a tellement à dire sur le rewilding voulu par l'homme et le rewilding plus ou moins « naturel »… L'expérience néerlandaise est éloquente :
- bovins de Heck : race domestique !
- Konik polonais : race domestique !
Rien de vrai sauvage là-dedans, et on peut multiplier les exemples :
- Bovins highland dans des marais : une race domestique rustique de montagne
- lamas : herbivore de haute montagne… pour débroussailler !
Bref, un inventaire d'idioties validées par nos élites…