Le petit journal de deux indissociables : la chasse et l'environnement

Armes : la Commission européenne sermonne une nouvelle fois la France...

Les fonctionnaires de Bruxelles n’en ont décidément jamais assez. Après avoir épinglé la France sur la mise en œuvre du FINADIA (Fichier National des Intermédiaires d’Armes) puis critiqué les lenteurs du SIA (Système d’Information sur les Armes), la Commission européenne remet le couvert. Dans une nouvelle salve administrative, elle reproche à Paris de ne pas avoir correctement transposé la directive européenne sur les armes à feu. La France figure ainsi sur la liste peu enviable des pays rappelés à l’ordre, aux côtés de la Bulgarie, du Danemark et de Chypre. Bruxelles estime que ces États « n’ont pas transposé correctement les dispositions de la directive sur les armes à feu », une formule qui, dans le langage feutré de la Commission, équivaut à un sérieux blâme. Cette directive, adoptée par le Parlement européen et le Conseil le 24 mars 2021, vise à fixer des normes minimales d’acquisition, de détention et d’échange d’armes au sein de l’Union. Un texte fleuve de 47 considérants, 28 articles et 4 annexes, dont la complexité n’a rien à envier aux labyrinthes réglementaires bruxellois habituels. On y distingue minutieusement les catégories d’armes, les armes de spectacle, les conditions de neutralisation, les règles relatives aux collectionneurs, ainsi que les formalités administratives entourant la circulation transfrontalière. Mais selon la Commission, Paris n’aurait pas « coché toutes les cases ». Certains points de la directive, notamment ceux relatifs à l’échange d’informations entre États membres et au contrôle des détenteurs, seraient imparfaitement transposés dans le droit français. Autrement dit, l’exécutif européen reproche à la France de ne pas être un élève assez zélé dans l’application des consignes communautaires. Un nouvel épisode de la longue série opposant, d’un côté, une France qui se veut pragmatique dans sa gestion des armes légales, et de l’autre, une Commission obsédée par l’harmonisation normative et la traçabilité absolue. Une tension typiquement européenne, où se joue, encore et toujours, la question de la souveraineté réglementaire face à l’appétit de contrôle de Bruxelles.


Congrès de l’UICN 2025

Le Congrès mondial de la nature de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), qui s’est achevé hier à Abou Dhabi, a dressé un constat alarmant sur l’état de la biodiversité mondiale. L’organisation a publié une nouvelle édition de sa Liste rouge des espèces menacées, répertoriant désormais 172 620 espèces, dont 48 646 risquent l’extinction — soit près d’un tiers des espèces étudiées. Ce chiffre traduit une aggravation constante : un an plus tôt, la liste recensait 166 000 espèces, dont 46 337 menacées. Les groupes les plus touchés demeurent les coraux (44 % menacés) et les amphibiens (41 %). Globalement, la biodiversité terrestre continue de s’éroder sous l’effet de l’artificialisation des milieux, du changement climatique, de la pollution et de l’exploitation intensive des ressources naturelles. Selon l’IPBES, les indicateurs de biodiversité ont diminué de 2 à 6 % chaque décennie au cours des cinquante dernières années. Les oiseaux illustrent cette tendance : trois espèces sur cinq voient leur population décliner, principalement à cause de la destruction de leurs habitats liée à la déforestation, à l’expansion agricole et à l’exploitation forestière, notamment dans les zones tropicales d’Afrique, de Madagascar et d’Amérique centrale. Six nouvelles espèces ont été déclarées éteintes, dont la musaraigne de l’île Christmas et le courlis à bec grêle. Les phoques arctiques, dépendants de la glace marine pour leur reproduction, sont eux aussi menacés par la fonte accélérée des glaces...

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Auxiliaire précieux des apiculteurs : la bondrée apivore

Depuis plusieurs années, le frelon asiatique (Vespa velutina) est perçu comme une menace pour la biodiversité européenne, en particulier pour les abeilles domestiques et sauvages. Mais une étude espagnole suggère qu’un rapace diurne, la bondrée apivore (Pernis apivorus), pourrait agir comme un nouveau prédateur naturel de cet envahisseur. Cette découverte nourrit l’espoir d’une régulation plus équilibrée de cette espèce invasive. On connaît la bondrée apivore comme un rapace insectivore, souvent comparé à une buse par sa silhouette en vol. Elle se nourrit principalement de larves, pupes ou nymphes d’hyménoptères sociaux (guêpes, bourdons, frelons), qu’elle extrait souvent par fouilles ou en détruisant les rayons du nid. Sa morphologie est adaptée à cette niche : des plumes très courtes et dures sur la tête, des paupières renforcées, des narines étroites qui limitent l’entrée d’insectes, et une bonne tolérance au venin. En Europe, la bondrée apivore est une migratrice : elle passe l’hiver en Afrique subsaharienne et revient au printemps pour nicher. Les travaux menés dans le nordouest de l’Espagne, notamment en Galice et dans les zones à plantation d’eucalyptus, montrent une corrélation entre la présence de la bondrée et la densité de nids de frelons asiatiques. Dans ces zones, les chercheurs ont observé que certains couples de bondrées peuvent détruire entre 15 et 60 colonies de frelons durant la saison de reproduction, voire plus dans certains cas. Cette prédation intervient particulièrement au printemps, au moment où les reines de frelons commencent à pondre, et en fin de saison, lors de la montée démographique des ouvrières. Les auteurs de l’étude intitulée « Encouraging native predators of invasive yellow-legged hornets: breeding habitat preferences of European honey buzzards in exotic Eucalyptus plantations » mettent en avant que les bondrées utilisent ces colonies comme source de nourriture pour nourrir leurs petits. Il ne s’agit pas d’une solution miracle : la bondrée apivore ne pourra pas éradiquer le frelon asiatique à elle seule. Son effectif est relativement modeste, puisque, en France, on estime la population à environ 20 000 couples, et chaque couple ne peut couvrir qu’une zone limitée. Cependant, l’étude propose que la bondrée devienne un acteur de la lutte intégrée : en favorisant l’habitat favorable à sa nidification (trous dans les vieux arbres, diversité des essences) dans les territoires envahis, on pourrait renforcer ce prédateur ailé et allié, mais faudra veiller à ce que les pratiques agricoles et forestières, ainsi que l’usage de pesticides, ne nuisent pas à ce rapace.


COP 30 : du 10 au 21 novembre à Bélem (Brésil)

La 30ème Conférence des Parties sur le climat (COP30) se tiendra du 10 au 21 novembre 2025 à Belém, au Brésil. À l’approche de cet événement majeur, Sonia Guajajara, ministre brésilienne des Peuples indigènes, plaide pour un nouveau mécanisme de financement international en faveur de la protection des forêts tropicales. Ce dispositif, baptisé « Fonds Forêts Tropicales pour Toujours » (TFFF), sera officiellement lancé lors de la COP30. Son objectif est de récompenser les pays en développement qui préservent ou étendent leurs zones forestières, évaluées grâce à la télédétection satellitaire. Doté d’un budget prévisionnel de 125 milliards de dollars, le TFFF reposera sur un financement mixte : 100 milliards de capitaux privés et 25 milliards de fonds publics et philanthropiques. Fait inédit, 20 % des ressources seront directement destinées aux peuples autochtones et aux communautés locales, acteurs essentiels dans la protection des écosystèmes. « Il est crucial que l’Union européenne soutienne ce fonds, afin d’inciter d’autres pays à contribuer à la sauvegarde des forêts tropicales », a déclaré Sonia Guajajara. Le TFFF promet aux investisseurs des rendements attractifs issus d’un portefeuille diversifié d’actifs à revenu fixe. Son élaboration a bénéficié du concours de plusieurs institutions internationales, dont la Banque mondiale, la FAO, l’OCDE et le PNUD. Un comité international composé de six pays en développement (Brésil, Colombie, RDC, Ghana, Indonésie, Malaisie) et de cinq pays investisseurs (France, Allemagne, Norvège, Émirats arabes unis, Royaume-Uni) a été mis en place pour en définir la gouvernance. Le président Luiz Inácio Lula da Silva a confirmé une contribution initiale d’un milliard de dollars du Brésil, appelant d’autres nations à suivre cet exemple. Parallèlement, la COP30 mettra aussi à l’honneur l’hydrogène vert, pilier de la transition énergétique. L’Algérie, avec sa stratégie « Hydrogène 2040 », ambitionne de devenir un leader régional et mondial dans ce domaine. Son hydrogène, estimé à 0,98 dollar le kilogramme, figure déjà parmi les plus compétitifs au monde.


La bataille des pellets : un combustible qui divise les forêts françaises

En pleine transition énergétique, le pellet de bois s’impose comme une alternative de plus en plus populaire aux énergies fossiles. Ces petits granulés issus de sciure et de copeaux séchés chauffent près de deux millions de foyers français, auxquels s’ajoutent environ 3 000 chaudières collectives. La filière connaît une croissance rapide : la production nationale est passée de 200 000 tonnes en 2008 à 2 millions en 2024, pour un chiffre d’affaires de 700 millions d’euros, et pourrait encore progresser en 2025. Cependant, cet essor économique s’accompagne de vives tensions sur le terrain. De nombreux projets d’usines se heurtent à des oppositions locales. Habitants, écologistes et professionnels du bois craignent une surexploitation des forêts et une industrialisation excessive des territoires. Dans le Jura, la société EO2 tente de relancer un projet annulé, tandis qu’à Guéret (Creuse), une manifestation de 3 000 personnes a contesté en 2024 l’installation d’une usine du groupe Biosyl, déjà implanté dans la Nièvre et en Haute-Loire. Ces tensions reflètent la raréfaction de la ressource forestière, aggravée par le changement climatique, les sécheresses répétées et la prolifération d’insectes ravageurs. Selon les experts et les professionnels du bois, il est indispensable de maintenir une hiérarchie des usages : d’abord le bois d’œuvre pour la construction, puis le bois industriel, et enfin le bois-énergie. Mais les industriels du secteur bois-énergie se défendent : aucune coupe rase n’est destinée à la production de granulés, précisant que : « Entre 70 % et 95 % de la matière première proviennent de coproduits de scierie (sciure, copeaux, plaquettes), et seulement 5 à 30 % de bois proviennent d’éclaircies ou de coupes sanitaires. D’un point de vue économique, il serait d’ailleurs absurde d’utiliser du bois d’œuvre, vendu environ 70 € le m³, pour fabriquer du bois-énergie, qui ne rapporte que 10 à 20 € le m³... ». Aujourd’hui, la filière du pellet représente 20 000 emplois directs et 2,3 milliards d’euros de chiffre d’affaires global. La France compte 75 usines, dont 60 % intégrées à des scieries qui valorisent leurs sous-produits, 30 % de producteurs indépendants et le reste constitué de coopératives agricoles.


Le CIC participe au lancement du Partenariat pour les aires protégées d'Afrique

Le Conseil international pour la conservation du gibier et de la faune sauvage (CIC), en tant que membre du réseau de l'International Conservation Caucus Foundation (ICCF), a assisté au lancement du Partenariat pour les aires protégées d'Afrique, lors de l'Assemblée générale des Nations Unies. Cet événement a réuni des dirigeants mondiaux et a offert au CIC une précieuse occasion de nouer des contacts avec des chefs d'État africains, dont le soutien à l'utilisation durable reste indéfectible. Parmi les personnes présentes figuraient : S.E. Cyril Ramaphosa, Président de la République d'Afrique du Sud ; S.E. Duma Gideon Boko, Président de la République du Botswana ;          S.E. Daniel Chapo, Président de la République du Mozambique ; S.E. Ndemupelila Netumbo Nandi-Ndaitwah, Présidente de la République de Namibie. Le Partenariat, soutenu par la Fondation Rob Walton, vise à préserver 162 aires protégées essentielles en Afrique d'ici 2035, en s'appuyant sur la Stratégie de l'Union africaine pour la biodiversité et le Cadre mondial pour la biodiversité de Kunming-Montréal. Rob Walton, ancien président de Walmart et éminent philanthrope mondial de la conservation, a joué un rôle déterminant dans la mobilisation d'investissements massifs en faveur de la biodiversité et du développement communautaire. Le lancement a également été marqué par la présence du sénateur Chris Coons (D-DE), du membre du Congrès August Pfluger (R-TX) et du maire de New York Eric Adams, reflétant le large soutien à cette initiative. Tristan Breijer, directeur des communications et des affaires publiques, représentait le CIC, et était là pour assurer la liaison avec les partenaires internationaux du CIC et défendre l'utilisation durable.


Migralion : des connaissances inédites sur les oiseaux dans le golfe du Lion

Le programme Migralion, piloté par l’OFB, livre, après quatre années d’études inédites, une compréhension approfondie des migrations d’oiseaux terrestres et marins dans le golfe du Lion, en Méditerranée. Lancé en 2020 à la demande des ministères chargés de la biodiversité et de l’énergie, et financé à hauteur de 4,4 millions d’€ par l’État et les régions PACA et Occitanie, ce programme visait à combler un manque lacunaire de connaissances sur les déplacements de la faune volante en mer, un enjeu central face au développement de l’éolien offshore. Après trois années de suivis intensifs, et plusieurs téraoctets de données collectées, Migralion a permis d’identifier les espèces présentes, les périodes de migration et les zones privilégiées de passage, de nourrissage ou de repos. Les résultats montrent que les migrateurs terrestres, tels que les passereaux, concentrent leurs flux sur la partie ouest du golfe au printemps, tandis qu’en automne, toute la bande côtière élargie jusqu’à 50 km est utilisée. Les oiseaux marins, eux, fréquentent surtout la frange côtière durant la reproduction, avant de se disperser vers l’ouest du plateau du golfe en hiver. Ces connaissances inédites constituent une base scientifique essentielle pour évaluer les impacts environnementaux des futurs parcs éoliens en mer, et orienter les mesures d’évitement, de réduction et de suivi. Migralion met notamment en évidence des recouvrements entre zones migratoires et sites de projets éoliens, ce qui permettra d’affiner la planification des zones de développement d’ici 2050. Les résultats alimenteront également l’Observatoire national de l’éolien en mer et les plateformes de données de l’OFB. Le succès du programme repose sur des moyens technologiques innovants : radars côtiers et embarqués, suivis acoustiques, observations visuelles et balises GPS posées sur plus de 500 oiseaux de 18 espèces. Cette approche interdisciplinaire, réunissant chercheurs du CNRS, bureaux d’études et associations a permis de développer des modèles statistiques inédits utiles à l’écologie marine et terrestre. Migralion constitue ainsi une référence scientifique majeure, ouvrant la voie à une meilleure conciliation entre production d’énergie renouvelable et protection de la biodiversité méditerranéenne. (Photo OFB)


Faut-il réformer la PAC ?

Le 4 novembre prochain, le Parlement européen planchera sur ce sujet : faut-il réformer la PAC ? Animé par le député européen Herbert Dorfmann et co-organisé par le député européen Juan Ignacio Zoido, cet événement est organisé en collaboration avec ELO (European Landowners' Organization)  et  la FACE (European Federation for Hunting and Conservation), en voilà le programme détaillé :

- 16h00 – 16h15 : discours d'ouverture : Herbert Dorfmann (PPE commission AGRI) et Juan Ignacio Zoido (PPE, commission AGRI et président de la commission Biodiversité, Chasse et Campagne).

- 16h15– 16h30 : discours d'ouverture :  Christophe Hansen, commissaire à l'agriculture ou déclaration de la Commission européenne (DG AGRI).

- 16h30 – 16h50 : Table ronde : réformer la Politique agricole commune (PAC) exige de concilier durabilité économique et ambition environnementale. Les agriculteurs sont confrontés à la hausse du coût des intrants, à des charges administratives et à la pression de rester compétitifs. Parmi les principaux défis figurent également l’amélioration de la rentabilité des exploitations, la gestion des risques, la numérisation et le renouvellement des générations. Le nouveau cadre financier pluriannuel (CFP) introduit le concept de plans de partenariat nationaux et régionaux, visant à intégrer les financements de la PAC et de la politique de cohésion dans une approche de programmation unique.

Bien que cela puisse offrir aux États membres une palette d'outils plus large et une plus grande flexibilité pour répondre aux besoins ruraux et agricoles, cela marque un changement significatif par rapport à la structure actuelle de la PAC et a suscité des inquiétudes parmi les agriculteurs, les communautés rurales et les décideurs politiques. Nombreux sont ceux qui craignent que la fusion de ces fonds et la suppression potentielle du pilier « développement rural » de la PAC ne diluent l'attention portée à l'agriculture, ne menacent la stabilité de la planification et n'affaiblissent le soutien ciblé au développement rural et aux initiatives agroenvironnementales. De plus, les pressions budgétaires et les éventuelles réductions des paiements directs risquent d'impacter la viabilité des exploitations agricoles et la compétitivité globale du secteur. Dans ce contexte politique en constante évolution, la réunion vise à évaluer comment maintenir l'efficacité de la PAC et la préparer à l'avenir.

Intervenants :

•       Députés Benoît Cassart (Renew), Dario Nardella, député européen S&D

•       Éric Thirouin, président de l'AGPB

•       Oiseaux/Agroécologie - ONG environnementale

•       Tassos Haniotis, conseiller spécial sur la productivité durable, forumforAg / chercheur invité principal, IIASA

•       Alan Matthews, professeur au Trinity College de Dublin, Irlande

16h50 – 17h30 | Questions et réponses

17h30 | Débat prospectif et clôture par le président de la conférence

Cet événement est accessible uniquement sur invitation. Pour toute demande d'inscription, veuillez contacter  Delphine Dupeux.


Trafic d’espèces sauvages : l’Union européenne toujours en première ligne

Un nouveau rapport, publié le 30 septembre 2025, alerte sur la place centrale qu’occupe encore l’Union européenne dans le trafic mondial d’espèces sauvages. Intitulé « Stolen Wildlife: The EU’s role as destination for wildlife traffickers – an update », le document met en lumière la persistance d’un commerce illicite florissant. Malgré des engagements répétés et un cadre réglementaire censé être l’un des plus stricts au monde, l’UE demeure l’une des principales destinations pour les trafiquants. Des ONG dénoncent des failles juridiques, des contrôles insuffisants et une demande toujours forte pour les produits dérivés d’animaux sauvages : peaux exotiques, trophées, oiseaux de compagnie, reptiles ou encore produits utilisés dans la médecine traditionnelle. Entre 2018 et 2024, des milliers de saisies ont été enregistrées aux frontières européennes, révélant un trafic très lucratif. Le rapport souligne que certains États membres, notamment les Pays-Bas, l’Allemagne, la France et l’Espagne, figurent parmi les principaux points d’entrée du commerce illégal, profitant de ports et d’aéroports très fréquentés. La vente en ligne, en particulier via les réseaux sociaux et les plateformes de commerce électronique, a également facilité l’écoulement de spécimens protégés, souvent dissimulés derrière des annonces anodines. Les requérants appellent l’UE à renforcer son arsenal législatif et à harmoniser les sanctions entre États membres, encore trop disparates. Ils recommandent aussi d’accroître les moyens humains et techniques dédiés aux contrôles douaniers, et de mieux coopérer avec les pays d’origine des trafics, principalement situés en Afrique, en Asie et en Amérique latine. Ce commerce illégal d’espèces sauvages représente plus de 20 milliards d’€ par an à l’échelle mondiale, et en l’absence d’une action coordonnée et ambitieuse, l’Europe risque de demeurer un maillon faible de la lutte mondiale contre le pillage de la biodiversité.


La crainte du monde de la chasse face à l’arrivée de Monique Barbut au ministère de la Transition écologique

L’annonce a provoqué un véritable séisme dans les milieux de la chasse et de la ruralité : Monique Barbut, figure de la protection de la nature et présidente du WWF France, devient ministre de la Transition écologique, de la Biodiversité et des Négociations internationales sur le climat et la nature au sein du gouvernement Lecornu II. Peu connue du grand public, cette technicienne aguerrie du monde environnemental est cependant une personnalité redoutée par certains acteurs économiques et cynégétiques, qui craignent un durcissement des politiques écologiques. À 69 ans, Monique Barbut n’est pas une militante de terrain issue des mouvements radicaux, mais une gestionnaire chevronnée, rompue aux mécanismes internationaux de la gouvernance environnementale. Diplômée en économie et en droit public, elle a fait carrière dans de grandes institutions, notamment à l’Agence française de développement (AFD), où elle a œuvré pour le financement de projets liés à la transition écologique dans les pays du Sud. Son profil se distingue par une approche pragmatique, centrée sur la science, la régulation et la diplomatie environnementale. Avant sa nomination, Monique Barbut présidait depuis trois ans le WWF France, ONG reconnue pour son engagement en faveur de la biodiversité. Sous sa direction, l’organisation avait renforcé ses prises de position contre l’artificialisation des sols, contre la chasse d’espèces menacées et l’exploitation intensive des ressources naturelles. C’est notamment cette fermeté qui alimente aujourd’hui l’inquiétude du monde cynégétique qui redoute une politique encore plus restrictive sur certaines pratiques, la limitation de certaines espèces chassables, voire une révision du calendrier. Monique Barbut n’est donc pas une novice en politique. Elle a déjà collaboré étroitement avec plusieurs gouvernements français et institutions internationales. En 2013, elle fut nommée par le Secrétariat général des Nations unies au poste de secrétaire exécutive de la Convention sur la lutte contre la désertification (UNCCD), qu’elle dirigea jusqu’en 2019. Son travail y fut salué pour sa rigueur et son engagement en faveur d’une gestion durable des terres. Plus récemment, entre 2020 et 2021, elle a été envoyée spéciale auprès du président de la République pour préparer le « One Planet Summit » consacré à la biodiversité, un sommet international rassemblant États, ONG et entreprises autour de la protection du vivant. Sa nomination à la tête du ministère de la Transition écologique, après le départ d’Agnès Pannier-Runacher, traduit la volonté de Sébastien Lecornu (et d’Emmanuel Macron ?) de donner une dimension plus internationale et plus scientifique à la politique environnementale française. Si certains espèrent une approche équilibrée entre écologie et économie, d’autres redoutent une période de fermeté vis-à-vis des lobbies agricoles, industriels et cynégétiques. Pour les défenseurs de la nature, en revanche, la venue de Monique Barbut est une victoire symbolique : celle d’une experte reconnue, ancrée dans la réalité des enjeux globaux, qui pourrait replacer la biodiversité au cœur des politiques publiques. Entre espoirs écologistes et craintes du monde rural, le mandat de la nouvelle ministre s’annonce décisif pour l’avenir de la transition écologique en France.


Le fruit du chêne : trésor de la forêt et festin du sanglier

Quand l’automne se fait généreux et que les chênaies tremblent sous les rafales de vent, le sol se couvre d’or brun : les glands tombent en abondance. Pour le promeneur, c’est un simple fruit forestier, pour le sanglier, c’est un véritable banquet. Riche en amidon, en graisses végétales et en tanins, le gland constitue une source d’énergie dense, parfaite pour que les suidés puissent affronter les rigueurs de l’hiver. Sa coque dure et sa cupule rugueuse ne rebutent pas les sangliers, dont le groin puissant fouille la litière avec une précision de laboureur. Omnivore et opportuniste, la bête noire trouve dans ce fruit tout ce que la forêt peut lui offrir de meilleur : matière énergétique, fibres, et même un léger effet fermenté quand les glands commencent à se décomposer au sol. Là où l’homme goûterait l’amertume, lui y voit un mets de choix. Le tanin, que son estomac sait digérer, lui confère même une résistance accrue aux parasites. Dans les années dites « à glands », le sanglier cesse presque de retourner les prairies ou les cultures : il se gave sous les chênes, mais cette abondance n’est pas sans conséquence. Plus nourri, plus fort, le sanglier devient aussi plus sédentaire, plus territorial. Les compagnies se rassemblent autour des zones de fructification, ce qui marque en réalité le début d’une tension silencieuse, car, quand la forêt offre tout, le sanglier n’a plus peur de rien...

 

Une année à glands : le sanglier s’échauffe et s’enhardit

Les chasseurs le savent depuis toujours : « année à glands, sanglier violent ! ». Ce n’est pas une légende, mais une vérité de terrain. L’organisme du suidé, gavé au-delà du raisonnable, devient assez vite saturé d’énergie, et chauffe littéralement. Les tanins fermentent dans la panse, provoquant des troubles digestifs et une agitation notable. Le sanglier devient nerveux, imprévisible, toujours sur le qui-vive. Le rut, qui coïncide souvent avec ces périodes d’abondance, ajoute à cette tension : les mâles se défient, se blessent, et tolèrent mal toute intrusion...

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