Les vèneries d’Etat, puis impériales, étudiées pour le faste déployé, leur budget et les extravagances qu'elles engendraient, invitent à poser un regard dans les coulisses, ou plutôt les chenils et les écuries. Ces chasses à courre se déroulaient principalement dans les forêts de la Couronne, que sont Fontainebleau, Rambouillet et Compiègne. Leur apogée prit fin brutalement en 1870, avec la chute du Second Empire. Louis Reverdi, surnommé « La Trace », offre une perspective unique sur cette institution. Sa carrière témoigne des différents échelons de la hiérarchie : débutant comme valet de chiens, puis valet de limier à pied à l'âge de 20 ans, évoluant au rang de valet de chiens à cheval à 28 ans, jusqu'à devenir 4ème piqueux à 31 ans, 2ème piqueux à 43 ans, et enfin 1er piqueux piquant à 48 ans, avant d'être nommé « Commandant de la Vènerie » quatre ans plus tard.
Cette progression illustre la rigueur et la dévotion requises pour gravir les échelons de cette institution. Pour Lage de Chaillou, le valet de limier représente la pièce maîtresse de toute chasse à courre, fondamental dans son rôle puisque les attaques se faisaient toujours à trait de limier, et jamais de meute à mort. Mais, la dissolution abrupte de la Vènerie Impériale en 1870 obligea ses membres, une vingtaine au total, à se réorienter vers d'autres équipages périphériques. Nombre d'entre eux transmirent leur expertise et leur attachement aux traditions, enrichissant ainsi les pratiques de chasse dans les régions où ils s'installèrent. Malgré sa disparition officielle, l'héritage de la Vènerie Impériale a persisté à travers ces hommes, qui ont façonné une tradition ancestrale et l'ont perpétuée au-delà des frontières de la Couronne. Leur adaptation et leur influence dans d'autres équipages témoignent de l'importance de leur savoir-faire, consolidant ainsi un pan essentiel de l'histoire de la chasse à courre en France...
Par Louis-Gaspard Siclon