Le Petit Journal de deux indissociables : la chasse et l'environnement - Salon Chasse Pêche et Nature en Bourgogne --

Avec la loi Duplomb/Menonville : l’OFB dans les mains du pouvoir préfectoral

La loi Duplomb/Menonville, adoptée le 8 juillet 2025, représente un nouveau tournant pour l'OFB, initialement doté d'une relative indépendance. Sous la pression de la FNSEA et des Jeunes Agriculteurs, cette nouvelle loi place désormais l'OFB sous la tutelle directe des préfets et des procureurs, modifiant ainsi profondément son mode de fonctionnement et sa capacité à agir de manière autonome. Auparavant, l'OFB menait ses missions de surveillance et de contrôle sous la supervision des ministères de l'Agriculture et de l'Environnement, jouissant d'une certaine liberté dans l'exercice de ses fonctions. Désormais, chaque action de l'OFB doit être approuvée par le préfet du département, donnant à ce dernier un pouvoir de veto sur les priorités opérationnelles et la planification des contrôles. En pratique, cela signifie que les agents de l'OFB doivent agir « sous l'autorité du représentant de l'État dans le département » pour les missions administratives et « sous la direction du procureur de la République » pour les affaires judiciaires. La loi Duplomb/Menonville suscite également des préoccupations quant à son impact sur l'équité entre les différents utilisateurs des ressources naturelles, étant perçue comme un acte politique visant à renforcer certains courants plus conservateurs.


Pyrénées françaises : les ours se portent (trop) bien...

Entre janvier et juin 2025, une collecte intensive a permis de récolter 411 indices indirects d'ours, dans quatre départements des Pyrénées françaises. De la commune d'Arette (64) à l'ouest, à Mérens-les-Vals (09) à l'est, ces données comprennent 72 indices obtenus à partir de 29 itinéraires de terrain, et 112 séries de photos et vidéos capturées par 36 caméras automatiques. Notamment, des images de l'ours Néré, à Bonac-Irazein (09), confirment sa présence continue et ses déplacements dans les Pyrénées centrales. La cartographie des indices collectés révèle un retour sur des massifs précédemment abandonnés, dont le massif de Souriguère à Arette (64), qui n’avait pas vu d’ours depuis 26, réinvesti par l'espèce. De même, le massif du Burat à Baren (31), resté vacant pendant 4 ans, montre des indices de présence. L'espèce est également revenue depuis 4 ans dans le massif des Trois Seigneurs à Gourbit (09), après une absence de 13 ans. Des jeunes oursons, issus des portées de 2024 ont été détectés, et deux nouvelles portées ont été observées cette année en France : une à Seix (09) dévoile une ourse et deux petits, l’autre à Couflens (09) montre une femelle avec un ourson. Des comportements de rut ont été observés à Auzat, Couflens, Seix, et Bonac-Irazein, suggérant des activités reproductrices en cours. Une vidéo capturée à Laruns (64) montre deux ours ensemble, indiquant potentiellement une autre zone de reproduction active en vallée d'Ossau. Les images des caméras automatiques sont disponibles sur le portail technique de l'OFB, permettant aux chercheurs et au public de suivre l'évolution de la population d'ours dans la région.


Le moment est venu d'aménager votre territoire de chasse

En matière de chasse, « aménager » c’est entretenir l’habitat de la faune sauvage pour lui permettre de trouver nourriture et quiétude, mais c’est aussi la protection et la conservation des équilibres naturels. L’aménagement doit donc aller jusqu’à la gestion des populations et son bien-être. Trois interventions aideront les gestionnaires de territoires : la création de points d’eau permanents et les apports de compléments : crud-ammoniac, goudron de Norvège et pierres à sel. Pour les points d’eau : leur création doit être prévue dans le cadre de l’aménagement cynégétique global du territoire de chasse. La création de petites fosses avec un film plastique en fond est à déconseiller. Fragile, il est rapidement percé par les petits rongeurs ou déchiré par le pied d’un sanglier ou d’un chevreuil. Optez donc pour la vasque bétonnée, coulée sur place, plus onéreuse certes, mais à la longévité garantie. Et veillez, pour son approvisionnement en période sèche, à ce qu’elle soit facilement accessible. L’apport de crud-ammoniac : à l’origine, ce produit est un résidu solide de la carbonisation ou de la distillation de certaines houilles grasses. Employé comme désherbant, les agriculteurs ont constaté que les sangliers venaient s’y frotter, bénéficiant ainsi des effets antiparasitaires de ce produit. Son emploi est simple : dans une souille, creusez une sorte de cuvette de 30 cm environ de profondeur et versez-y le crud-ammoniac. Le goudron de Norvège : dès qu’il sort de sa souille, le sanglier aime se frotter. On peut donc créer un frottoir artificiel ou, si le propriétaire le permet, enduire le bas de quelques arbres avec du goudron végétal, dénommé « goudron de Norvège ». L’odeur de ce produit incitera aussi bien cerfs que sangliers à venir s’y frotter. Avant d’apposer le goudron, vous ferez quelques entailles verticales de 2 cm de profondeur sur les futurs frottoirs. Elles serviront à mieux fixer le produit qui conservera plus longtemps son pouvoir attractif. Les pierres à sel : indispensables aux grands animaux qui en sont friands par besoin, elles devront être placées près des stations d’affouragement, cultures à gibier et coulées. L’idéal est de les placer au-dessus d’un pieu de 1,50 m de haut et de 15 cm de diamètre, préalablement écorcé. L’humidité fera fondre lentement le sel qui s’écoulera le long de son support.


Conservation de la perdrix grise

Avec l'entrée en vigueur des plans stratégiques de la PAC, il n'a jamais été aussi important, pour les agriculteurs, de contribuer à la biodiversité. Le projet « Partridge » a démontré comment la perte de biodiversité sur les terres agricoles peut être inversée grâce à des améliorations de l'habitat de haute qualité, adapté à la perdrix grise. Parmi les principales mesures figure la création de parcelles florales fauniques, qui fournissent une couverture et des zones d'alimentation nécessaires, à la fois pour la nidification et l'alimentation des poussins insectivores. Il est important de noter que de nombreuses autres espèces bénéficient également de ces mesures agroenvironnementales (alouette des champs, moineau bicolore, chardonneret, lièvre...) pour n'en nommer que quelques-unes. Le projet « Partridge » (Protecting the Area’s Resources Through Researched Innovative Demonstration of Good Example), cofinancé par le Programme Interreg Région Mer du Nord, montre comment des solutions nouvelles de gestion peuvent augmenter la biodiversité et les services écosystémiques jusqu'à 30%. Il se déroule sur 10 sites de démonstration, en Angleterre, en Écosse, en Belgique, aux Pays-Bas et en Allemagne (deux par pays), et des sites supplémentaires ont été créés au Danemark, à la demande des chasseurs danois. Plus de 7% de chaque site de démonstration a été agrémenté d'habitats fauniques (parcelles fleuries et marges enherbées), à l'aide de plans de gestion locaux adaptés. Ils sont complétés par l'alimentation hivernale et la gestion de la prédation, lorsque les circonstances locales le permettent. Ces pratiques sont mises en place depuis 2017, et suivies pour favoriser le partage d'informations. Les chasseurs, les propriétaires fonciers et les autres gestionnaires de la faune, y trouvent à la fois de l'inspiration et une mine d'informations pour améliorer les écosystèmes des terres agricoles. L'objectif général est d'améliorer les programmes agroenvironnementaux et de partager les meilleures pratiques pour la gestion durable de l'espèce. 


Les drones interdits de vol en zones « cœur » des parcs nationaux

Considérés comme trop dérangeant pour la faune sauvage, les drones sont interdits dans les zones cœurs des parcs nationaux. Pour tous les animaux chassés par des prédateurs ailés (marmottes, faons de chevreuil, cabris de chamois et d’isard, perdrix, lièvres, lagopèdes, tétras-lyre), le drone est identifié comme un prédateur en survol, prêt à attaquer, et provoque affolement et fuite pour les animaux terrestres, ou, pour les oiseaux, un simulacre de riposte pour chasser l’intrus, au risque pour eux de heurter le drone et de se blesser. En outre, précise le communiqué, en période de reproduction le drone représente un danger pour la survie des espèces sensibles, les nids pouvant être abandonnés par les couveuses. Très occasionnellement, une autorisation de survol par drone en cœur de parc peut être accordée par le directeur, uniquement dans le cadre d’une mission scientifique ou d’un suivi des risques naturels. En tant qu’inspecteurs de l’environnement, les gardes-moniteurs des parcs nationaux sont chargés de faire respecter la réglementation et peuvent à ce titre sanctionner toute infraction, survol de drones et autres.


Dans les départements : les brèves de la semaine...

- Charente-Maritime : la 36ème saison de « Fort Boyard » a débuté dans la tourmente sur France 2, éclaboussée par une controverse déclenchée par les écolos de l’association PAZ. Ils dénoncent l'utilisation persistante d'animaux sauvages. Alors que les tigres ont été retirés du programme en 2022, d'autres espèces exotiques sont toujours présentes. Dans une récente pétition en ligne, PAZ a appelé à la cessation totale de l'utilisation d'animaux sauvages dans le jeu. L'association a critiqué le fait que l'émission continue d'exploiter des reptiles, amphibiens, poissons et invertébrés pour le divertissement télévisé. PAZ argue que ces créatures sont « privées de liberté » et mises en spectacle de manière inappropriée. Pour le moment, France Télévisions et Adventure Line Productions n'ont pas réagi publiquement à cette demande croissante de changement. Pendant ce temps, la nouvelle saison promet encore une série d'épisodes hebdomadaires, avec de nombreuses personnalités, pour le plus grand plaisir des téléspectateurs de cette émission culte.

 

- Corrèze : la préfecture a officiellement confirmé la présence d’un troisième loup sur le territoire départemental. Réunie à Tulle, la cellule de veille loup a validé cette information, qui vient s’ajouter à celle déjà connue d’un couple installé dans la région. Ce nouvel individu est un mâle appartenant à une lignée germano-polonaise. D’après les éléments communiqués, la population lupine en Corrèze comprend désormais deux mâles de cette lignée et une femelle d’origine italo-alpine. Présidée par le préfet Vincent Berton, cette réunion a permis aux acteurs locaux de faire un point sur la situation et d’échanger sur les dispositifs de protection à renforcer, notamment après l’arrêté du 27 mai 2025 classant dix communes en cercle 1, zone prioritaire en matière de protection contre la prédation. Par ailleurs, les services préfectoraux ont rappelé l’existence de l’appel à projets national 2025. Celui-ci offre des aides financières destinées à soutenir les éleveurs dans la mise en place de moyens de protection des troupeaux face aux attaques de loups. Les exploitants intéressés ont jusqu’au 31 juillet 2025 à minuit pour déposer leur dossier.

 

- Corse : la cohabitation avec le cerf élaphe devient un défi croissant, alimenté par les préoccupations des agriculteurs face aux dommages causés par ces animaux protégés par la directive européenne Habitats. Batti Arena, président de la Chambre d'agriculture, exprime un besoin urgent de régulation, soulignant que la chasse pourrait être la solution. Quant à Jean-Félix Acquaviva, ex-député, il a également plaidé pour un régime d'indemnisation clair, et une régulation par la chasse sous contrôle strict, en cas de prolifération. Certes, la chasse comme solution est controversée, mais la crainte du braconnage augmente, en l'absence d'options légales pour gérer la population des grands cervidés. Stevan Mondoloni, du Parc naturel régional de Corse, souligne que les marges de manœuvre existent dans le cadre de cette directive Habitats pour permettre des dérogations en cas de dommages significatifs aux cultures et à l'élevage, sous réserve qu'aucune alternative satisfaisante n'existe et que la conservation de l'espèce soit assurée. Pour progresser, la Chambre d'agriculture prévoit une réunion en septembre pour engager tous les acteurs concernés dans un dialogue constructif sur la préservation du cerf et les intérêts agricoles...

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Programme d’études « Colombidés » : bilan annuel

Communiqués par l’OFB, ces documents présentent le bilan du suivi des Colombidés mené depuis 2019 au niveau national dans le cadre du programme d'étude (baguage et recaptures d’oiseaux bagués, suivi de la reproduction) dédié à 4 espèces : - le pigeon ramier ; - le pigeon colombin ; - la tourterelle turque ; - la tourterelle des bois. Les résultats sont mis en perspective avec ceux des années précédentes. D'autres études plus spécifiques liées au programme sont aussi présentées, telles que le suivi des déplacements par voie satellitaire, les analyses isotopiques ou les études des tableaux de chasse. Ce programme vise à évaluer, chez ces 4 espèces de colombidés nicheurs, divers traits démographiques, comme les taux de survie, le succès reproducteur et la productivité, les mouvements de dispersion et de migration de ces espèces. La connaissance de ces paramètres démographiques permet de comprendre les processus à l’œuvre dans la dynamique de population et d’identifier les éventuels facteurs limitants. Par ailleurs, la compréhension de ces mécanismes est l’essence même de la gestion adaptative des populations. Le programme revêt actuellement une importance particulière pour la tourterelle des bois. Cette espèce cumule les exceptions : elle est le plus petit colombidé d'Europe, et le seul migrateur strict, c'est-à-dire sans aucune population sédentaire. C'est aussi le seul colombidé traversant le Sahara lors de sa migration. Dans le cadre du programme dédié aux colombidés piloté par l’OFB, une trentaine de tourterelles ont été équipées de balises Argos solaires, dans le but de suivre précisément leur trajet migratoire et d’identifier les facteurs qui pourraient contribuer au déclin de l'espèce.

 

Pour lire le rapport, c’est ICI


Sentinelle de la faune sauvage : le réseau Sagir

Le réseau Sagir, dispositif national de surveillance épidémiologique pour la faune sauvage en France, joue un rôle de premier plan dans la détection précoce des maladies, impactant la conservation des espèces, la santé animale, et même la santé publique et l'économie agricole. Fondé sur la détection des anomalies de mortalité et le diagnostic des causes, Sagir vise à identifier et caractériser divers agents pathogènes, toxiques et autres menaces pour les écosystèmes. Il s'articule autour de plusieurs objectifs clés : - repérer rapidement de nouvelles maladies, qu'elles soient infectieuses, parasitaires, toxiques ou immunitaires ; - étudier les processus morbides et épidémiologiques associés ; - répertorier les agents infectieux transmissibles entre la faune sauvage, les animaux domestiques et les humains. En caractérisant ces maladies dans le temps et l'espace, le réseau Sagir contribue à évaluer les risques, en alignement avec le concept de « une seule santé ». Chaque année, Sagir enquête sur environ 2500 événements de mortalité, hors crises sanitaires majeures, dont plus de 150 font l'objet d'analyses toxicologiques approfondies. Les composés toxiques les plus fréquemment recherchés incluent des insecticides (carbamates et néonicotinoïdes), ainsi que des rodenticides (anticoagulants AVK), et occasionnellement des métaux lourds (plomb, cadmium, mercure). Plus de 350 espèces ont été étudiées et suivies, avec une augmentation notable des espèces protégées, représentant plus de 30% des cas entre 2022 et 2024, souvent dans le cadre de plans d'action nationaux...

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Le Dr Nikolaus Kriz nommé directeur exécutif de l'EFSA

Le Conseil d'administration de l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA), a désigné le Dr Nikolaus Kriz, directeur exécutif, pour un mandat de cinq ans à partir de septembre 2025. Cette nomination, qui fait suite à l'annonce du départ du Dr Bernhard Url, directeur exécutif actuel, après onze années de leadership exemplaire, a été officiellement annoncée par Aivars Berzinš, président du conseil d'administration de l'EFSA, qui a salué l'expertise et le leadership du Dr Kriz dans les domaines réglementaires et scientifiques. Le Dr Kriz, actuellement responsable du département des services d'évaluation des risques (ENABLE) à l'EFSA, apporte son expérience dans l'évaluation des risques vétérinaires et de santé publique, acquise notamment à l'Agence européenne des médicaments (EMA). Sa nomination intervient après une période de service au sein de l'EFSA depuis 2017. « Je suis honoré et reconnaissant d'avoir été nommé à la tête de l'EFSA », a-t-il déclaré, en réaction à sa nomination. Il a exprimé sa volonté de collaborer avec l'équipe et les experts de l'EFSA pour renforcer davantage le rôle de l'organisation en tant que référence européenne en matière de sécurité alimentaire et d'évaluation des risques. La procédure de sélection du Dr Kriz inclura un passage devant la commission de l'environnement, du climat et de la sécurité alimentaire (ENVI) du Parlement européen, prévu pour le 14 juillet. Cette séance permettra au Dr Kriz de présenter une déclaration officielle et de répondre aux questions des membres du Parlement européen, marquant ainsi une étape clé avant son entrée en fonction. Par ailleurs, l’EFSA joue un rôle central dans le système de sécurité alimentaire de l’Union européenne...

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Biodiversité : analyse des déplacements des espèces

Depuis le Grenelle de l’environnement de 2007, les collectivités sont tenues de protéger les zones naturelles importantes pour la biodiversité. Pour ce faire, l'utilisation du nouveau logiciel « Graphab » (Graphes et Analyse de la Biodiversité), permet de modéliser les déplacements des espèces. Développé par le laboratoire « ThéMA » (Théoriser et Modéliser pour Aménager) de Besançon, ce logiciel cartographie les corridors écologiques essentiels pour la survie d'espèces variées, allant du cerf à la grenouille. Paul Savary, enseignant-chercheur en écologie à l’UMLP, dirige des recherches sur la dispersion des espèces et la connectivité écologique des habitats. En utilisant des modèles basés sur la structure des paysages et des données de terrain, comme des informations génétiques et des relevés de présence, le chercheur démontre l'impact de la connectivité sur la diversité biologique. Les résultats de ses études soulignent que la présence d'habitats vastes et connectés est indispensable à toutes les espèces, car ils favorisent l'accès à des ressources essentielles, comme les bandes en herbe le long des cultures. En milieu urbain, « Graphab » analyse l'impact de l'urbanisation sur la biodiversité, soulignant l'importance de comprendre les déplacements entre habitats urbains et péri-urbains pour optimiser la coexistence avec la nature. Dans son utilisation, le logiciel « Graphab » permet :

- d’identifier les corridors écologiques prioritaires à préserver ou à restaurer ;

- de tester différents scénarios d’aménagement pour limiter la fragmentation des milieux naturels ;

- d’évaluer l’effet de projets urbains, agricoles ou routiers sur les déplacements d’espèces ;

- de fournir des outils d’aide à la décision pour les collectivités et les gestionnaires d’espaces naturels.


Parcours et carrières de piqueux

Les vèneries d’Etat, puis impériales, étudiées pour le faste déployé, leur budget et les extravagances qu'elles engendraient, invitent à poser un regard dans les coulisses, ou plutôt les chenils et les écuries. Ces chasses à courre se déroulaient principalement dans les forêts de la Couronne, que sont Fontainebleau, Rambouillet et Compiègne. Leur apogée prit fin brutalement en 1870, avec la chute du Second Empire. Louis Reverdi, surnommé « La Trace », offre une perspective unique sur cette institution. Sa carrière témoigne des différents échelons de la hiérarchie : débutant comme valet de chiens, puis valet de limier à pied à l'âge de 20 ans, évoluant au rang de valet de chiens à cheval à 28 ans, jusqu'à devenir 4ème piqueux à 31 ans, 2ème piqueux à 43 ans, et enfin 1er piqueux piquant à 48 ans, avant d'être nommé « Commandant de la Vènerie » quatre ans plus tard. Cette progression illustre la rigueur et la dévotion requises pour gravir les échelons de cette institution. Pour Lage de Chaillou, le valet de limier représente la pièce maîtresse de toute chasse à courre, fondamental dans son rôle puisque les attaques se faisaient toujours à trait de limier, et jamais de meute à mort. Mais, la dissolution abrupte de la Vènerie Impériale en 1870 obligea ses membres, une vingtaine au total, à se réorienter vers d'autres équipages périphériques. Nombre d'entre eux transmirent leur expertise et leur attachement aux traditions, enrichissant ainsi les pratiques de chasse dans les régions où ils s'installèrent. Malgré sa disparition officielle, l'héritage de la Vènerie Impériale a persisté à travers ces hommes, qui ont façonné une tradition ancestrale et l'ont perpétuée au-delà des frontières de la Couronne. Leur adaptation et leur influence dans d'autres équipages témoignent de l'importance de leur savoir-faire, consolidant ainsi un pan essentiel de l'histoire de la chasse à courre en France...

Par Louis-Gaspard Siclon

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