Après deux siècles de présence dans l’État de New York, Remington a décidé de fermer son usine historique à Ilion, pour partir s’installer en Géorgie, dans le sud profond, une région moins hostile aux armes à feu. Il y a plus de deux cents ans, Eliphalet Remington fabriquait son premier canon de fusil dans la forge de son père, quelque part dans le nord de l’État de New York. À cette époque, les balles étaient rondes, les Anglais étaient les ennemis, et quand on parlait de « maitriser » les armes à feu, on pensait à la force qu’il fallait dans les bras pour les manipuler. Une dizaine d’années plus tard, Remington s’installait à Ilion, toujours dans l’État de New York, pour fabriquer ses armes que tout le monde utilisait : les policiers, les voleurs, les soldats et… le grand public. Mais, au fil du temps, la concurrence mondiale et l’économie ont érodé les bénéfices de Remington et son assise dans la ville, dont la rue principale s’arrête aux portes… de l’usine. Cette histoire a fini dans une impasse, en novembre 2023, lorsque l’entreprise a annoncé qu’elle délocalisait ses activités dans l’État de Géorgie. Selon ses dirigeants, ce sont les efforts déployés par l’État de New York pour réduire la violence par armes à feu qui poussent cette institution locale pourtant très appréciée, à plier bagage. « Deux cent huit ans d’histoire sont balayés d’un coup » a déclaré John P. Stephens, le maire du village, dont le père a travaillé trente-sept ans chez Remington, qui ajoutait tristement : « Cette décision va priver de leur emploi plus de 300 salariés, dont beaucoup fabriquent des armes à feu à la main depuis des décennies, et dont l’identité est profondément liée à Remington. Il y a dix ans encore, l’usine d’Ilion employait plus de 1 000 personnes… ». La fermeture de l’usine est prévue à la fin de ce mois, et le ministère du Travail de l’État de New York a commencé à prendre en charge la reconversion professionnelle des employés qui ne suivront pas leur entreprise en Géorgie. Dans un communiqué, le PDG de Remington, Ken D’Arcy, a fait l’éloge des ouvriers d’Ilion et, dans le même temps, qualifié la Géorgie d’« État accueillant pour l’industrie des armes à feu ».