L’annonce a provoqué un véritable séisme dans les milieux de la chasse et de la ruralité : Monique Barbut, figure de la protection de la nature et présidente du WWF France, devient ministre de la Transition écologique, de la Biodiversité et des Négociations internationales sur le climat et la nature au sein du gouvernement Lecornu II. Peu connue du grand public, cette technicienne aguerrie du monde environnemental est cependant une personnalité redoutée par certains acteurs économiques et cynégétiques, qui craignent un durcissement des politiques écologiques. À 69 ans, Monique Barbut n’est pas une militante de terrain issue des mouvements radicaux, mais une gestionnaire chevronnée, rompue aux mécanismes internationaux de la gouvernance environnementale. Diplômée en économie et en droit public, elle a fait carrière dans de grandes institutions, notamment à l’Agence française de développement (AFD), où elle a œuvré pour le financement de projets liés à la transition écologique dans les pays du Sud. Son profil se distingue par une approche pragmatique, centrée sur la science, la régulation et la diplomatie environnementale. Avant sa nomination, Monique Barbut présidait depuis trois ans le WWF France, ONG reconnue pour son engagement en faveur de la biodiversité. Sous sa direction, l’organisation avait renforcé ses prises de position contre l’artificialisation des sols, contre la chasse d’espèces menacées et l’exploitation intensive des ressources naturelles. C’est notamment cette fermeté qui alimente aujourd’hui l’inquiétude du monde cynégétique qui redoute une politique encore plus restrictive sur certaines pratiques, la limitation de certaines espèces chassables, voire une révision du calendrier. Monique Barbut n’est donc pas une novice en politique. Elle a déjà collaboré étroitement avec plusieurs gouvernements français et institutions internationales. En 2013, elle fut nommée par le Secrétariat général des Nations unies au poste de secrétaire exécutive de la Convention sur la lutte contre la désertification (UNCCD), qu’elle dirigea jusqu’en 2019. Son travail y fut salué pour sa rigueur et son engagement en faveur d’une gestion durable des terres. Plus récemment, entre 2020 et 2021, elle a été envoyée spéciale auprès du président de la République pour préparer le « One Planet Summit » consacré à la biodiversité, un sommet international rassemblant États, ONG et entreprises autour de la protection du vivant. Sa nomination à la tête du ministère de la Transition écologique, après le départ d’Agnès Pannier-Runacher, traduit la volonté de Sébastien Lecornu (et d’Emmanuel Macron ?) de donner une dimension plus internationale et plus scientifique à la politique environnementale française. Si certains espèrent une approche équilibrée entre écologie et économie, d’autres redoutent une période de fermeté vis-à-vis des lobbies agricoles, industriels et cynégétiques. Pour les défenseurs de la nature, en revanche, la venue de Monique Barbut est une victoire symbolique : celle d’une experte reconnue, ancrée dans la réalité des enjeux globaux, qui pourrait replacer la biodiversité au cœur des politiques publiques. Entre espoirs écologistes et craintes du monde rural, le mandat de la nouvelle ministre s’annonce décisif pour l’avenir de la transition écologique en France.