Bien que n’étant pas réputée dangereuse, la chasse en moyenne montagne présente néanmoins quelques risques… Les souvenirs de cet épisode restent marqués à jamais dans la mémoire de nos deux victimes. Dans l’un de ces beaux départements du Midi, quelques kilomètres derrière les plages, commence la moyenne montagne avec ses vallées encaissées et ses blocs de rochers qui semblent avoir été déposés là pour n’avoir qu’à rouler au fond de la dépression. Dans ce milieu, les conditions de vie sont devenues acceptables pour notre opportuniste sanglier qui s’aventure désormais sur les sommets. C’est au cours d’une séance d’approche sur mouflon que l’accident s’est produit…
Par J-F. G.
Décembre 1987 : des chasseurs s’activaient autour de la grande bâtisse, rendez-vous du lot de chasse de la forêt domaniale, au lieu-dit « La Briquetterie ». Les vingt chasseurs étaient occupés à sortir de leurs housses carabines et fusils. La journée s’annonçait bien. Des rentrées de sangliers avaient été relevées par le préposé « au pied », Armand, un vieux coureur de la forêt à qui l’on pouvait faire confiance. Si Armand disait : « Il y a des sangliers », c’est qu’il y avait des sangliers ! Armand, le visage buriné par la vie de plein air, était entouré de sa petite, mais efficace meute de chiens, principalement des fox-terriers à poils durs. Ces petits chiens, qui ont du mordant, débusquaient régulièrement les bêtes noires, même baugées au plus profond des fourrés. Un chien différent tranchait au beau milieu des six fox-terriers, c’était « Négresse », une chienne âgée de dix-huit mois...
A la chasse, il ne faut jamais perdre de vue son gibier, au risque de laisser échapper le sanglier de sa vie… Un dimanche matin d’octobre 1966. Rien ne semblait pouvoir troubler le calme de ce plat territoire d’une grande région céréalière, un des deux greniers de la France, disait-on à l’époque, quand les paysans croyaient encore qu’ils avaient pour mission de nourrir le monde entier. Le gravier de la cour crissa. Une grosse berline venait d’arriver, que son conducteur rangeait le long du mur, à côté d’autres voitures qui y étaient déjà. Hervé G…, ne cachait pas sa joie d’être invité à une battue au petit gibier sur les terres de « Monsieur Jean-Claude », un agriculteur retraité, devenu « gentleman farmer » tant il avait, au cours d’une carrière bien remplie, agrandi l’exploitation familiale qui était maintenant une véritable entreprise...
Je participe aux battues de grand gibier depuis 4 ans. Lorsque j'ai commencé, je n'avais que mon vieux calibre 12 magnum, et quelques Brenneke qui ont envoyé ad patres quelques cochons. Chance du débutant ? Alors, je suis monté en grade au sein de l’équipe, et suis passé des postes peu enviables de « Couillonville » aux postes de confiance…
Avec « Le secret de l’homme à l’harmonica », c’est Maurice qui vous dévoilera un truc dont il maitrise à la perfection l’arcane, pour mettre un gros noir à son palmarès… Siffler n’est pas jouer, dit le dicton, mais pour un cochon qui ne le connait pas, un jeu de c… reste un jeu de c…
« Jules, le renard, deux poules et un coq... » selon une version contemporaine inspirée de Jean de la Fontaine
Partir à deux en forêt à la recherche d’un méchant ragot, c’est exaltant. Rentrer seul et ne pas savoir ce qu’est devenu son compagnon, c’est inquiétant. Faire une horrible découverte le lendemain matin, c’est consternant…
Une journée de chasse devrait être conviviale et joyeuse. Pourtant, pour le second dimanche de cette année 2006, toute l’équipe des traqueurs faisait grise mine… Le chef de battue, Jean-Claude, était soucieux. Il avait fait le point la veille au soir avec le président de l’ACCA, son ami Laurent. Comment fallait-il s’y prendre pour résoudre le problème ? Cela faisait presque deux mois maintenant que les membres, et surtout les traqueurs de leur société, étaient confrontés à cette histoire « à dormir debout », à un point tel qu’ils n’osaient plus aller chasser le bois des Moines, sur le secteur de la Haute Borne. En effet, depuis le début du mois de novembre précédent, ils n’avaient fait qu’accumuler, bien malgré eux, les incidents en ces lieux. Le premier dimanche, les deux meilleurs chiens du chef de traque furent sérieusement blessés. La semaine suivante, au même endroit, deux autres griffons étaient pris à parti dans les collines. L’un fut tué sur place, l’autre bien mal en point ne dut son salut qu’à la rapidité des secours. Le troisième dimanche, enfin, le calme semblait revenu…
C'est une anecdote de chasse au sanglier peu commune que vécut Christophe, un archer confirmé… Parisien d’adoption, ce chasseur originaire des environs de Limoges, revient régulièrement sur ses terres de jeunesse y chasser le « rogneux ». Arc en main, carquois à l’épaule, il installe son tree-stand selon les humeurs des bêtes noires qui viennent, en été, folâtrer sur les cultures riveraines, et y causer quelques dégâts. Comme son caractère avenant lui ouvre bien des portes et les entrées de vergers, il va quasiment où il veut et quand il veut. La société de chasse locale voit même d’un bon œil ses interventions qui calment un peu les revendications de quelques paysans réfractaires au moindre coup de boutoir de bête noire. Et comme ici la tradition de la quête à la billebaude ne commence qu’en septembre, il n’y a donc pas de rivalité entre chasseurs et leurs différentes façons de procéder. En août 2008, Christophe fut alerté par le président lui-même qui lui dit : « une petite compagnie de sangliers vient toutes les nuits retourner le verger du père Mathieu. Tu devrais y faire un tour… ». Christophe rendit visite le jour même au propriétaire et, avec sa bénédiction, eut immédiatement l’autorisation d’examiner les lieux et d’y faire toute installation qu’il jugerait utile pour repousser « ces satanés envahisseurs qui défoncent tout… ». Le verger, d’un petit hectare de surface, est bordé sur son côté nord/est d’une haie très épaisse et large d’une bonne dizaine de mètres. Derrière, se trouve un champ de céréales en chaume et deux cents mètres plus loin, la forêt…
La chasse en battue, quand elle est pratiquée dans les règles de l’art, procure de réelles surprises. Par contre, dès que les principes fondamentaux sont transgressés, elle peut se charger d’angoisse…
Dans tous les pays du monde où le sanglier est présent, il y a plusieurs manières, comme en France d’ailleurs, de le chasser. Certains privilégient les battues aux chiens courants en hiver, d’autres, la chasse à l’affût en lisière de forêt et ceux que ces deux modes de chasse ne satisfont pas, peuvent pratiquer le guet près des passages que les bêtes noires ont l’habitude de fréquenter. Pour ma part, ce que j’aimais le mieux, pendant cette période d’abondance qui a suivi le grand conflit mondial de 39/45, c’était la chasse au solitaire avec un seul chien de petite taille, qui signalait par ses aboiements, mais sans l’effaroucher, le sanglier dans sa bauge. Cette dernière façon de chasser est tout à fait particulière, excellente raison pour qu’on lui consacre les lignes qui suivent...
En ce temps, pas si lointain, où le sanglier était une véritable légende, rarement sur pieds, il arrivait quelquefois, comme aujourd’hui d’ailleurs, que quelques coups de fusil malheureux fassent des orphelins. Mais à cette époque, le culte du marcassin et la sensibilité du chasseur étaient encore intacts et il arrivait fréquemment que quelques rescapés regagnent, le dimanche soir, le logis de celui qui avait « négocié » la maman, et dont l’épouse, maternelle et sollicitée, se déclarait prête à donner la tétée. C’est ainsi que ces charmantes bestioles, dociles comme des petits chiens, trouvaient leurs places dans une maison accueillante. Elles n’avaient qu’un tors, celui justement de ne pas rester petites. Au cours des mois qui suivaient, profitant de soins attentifs et d’une nourriture abondante, elles prenaient du poids et s’affirmaient de plus en plus dans la maisonnée, réclamant à grands coups de boutoir dans les tibias, quelques miettes ou une assiette de lait...
Sur la paillasse du chenil, Pollux, somnolent et dédaigneux, restait couché. Le brouet était pourtant servi, à pleines auges… « Pollux ! Alors mon vieux Pollux, à la soupe mon beau, à la soupe ! ». Le concentré remplissait les auges. Il dégageait un fumet flatteur que les chiens, alignés et aux ordres, aspiraient. Ils attendaient l’autorisation de l'engloutir. « La Feuille », le premier piqueux, y avait mis une hure d’un vieux solitaire, après en avoir extrait les défenses et les grès. À son signal, les soixante anglo-français se jetèrent sur les auges à gueules friandes, le fouet vif, hargneux comme à la curée. Sur le bat-flanc, Pollux restait couché. Ah, ce Pollux ! Aux rendez-vous, dans les instants proches de l'attaque, quand les chiens commençaient à tirer sur les couples, les boutons de l'équipage le montraient aux néophytes, droit sur ses pattes, fier dans son manteau de feu, de blanc et de noir. « Vous voyez celui-là, c’est Pollux, notre meilleur chien de tête. Il est toujours aux avant-postes. Suivez-le et il vous emmènera à l’hallali ! »…