Et si la biodiversité redevenait la meilleure alliée des exploitants ? Dans les Hauts-de-France, une étude menée par Bio Hauts-de-France, le Conservatoire d’espaces naturels et Terres de Liens met en lumière les effets positifs de l’agriculture biologique sur la vie animale et la santé des sols. Selon ces travaux, les espèces d’insectes sont près de 30 % plus nombreuses dans les exploitations bio que dans l’agriculture conventionnelle. Deux agriculteurs, Pierre-Elie Dequidt (Pas-de-Calais) et Olivier Desmarets (Somme), incarnent cette transition réussie. Le premier cultive sans insecticides sur cent hectares, jalonnés de haies plantées tous les 36 mètres, véritables refuges pour abeilles, araignées et oiseaux. « J’ai fait le choix de travailler sans insecticides, c’est la faune sauvage qui joue ce rôle », explique-t-il. Ces haies, peu fauchées, favorisent la reproduction des insectes et offrent ombre et abri au bétail. Chez Olivier Desmarets, l’étude du sol a révélé jusqu’à 400 vers de terre au mètre carré, signe d’une terre vivante et fertile. « Les insectes et les lombrics sont de formidables indicateurs de la santé du sol », souligne l’éleveur, convaincu que la richesse biologique renforce la résilience de son exploitation face au changement climatique. Les scientifiques, comme l’entomologiste Emmanuel Vidal, rappellent que ces résultats confirment les tendances observées par l’Institut de l’agriculture et de l’alimentation biologiques (ITAB) : l’agriculture bio favorise 23 % d’espèces animales en plus et 32 % d’individus supplémentaires. Mais au-delà des chiffres, cette étude vise à objectiver l’impact réel des pratiques agroécologiques et à inspirer d’autres exploitants. « Il faut réapprendre à regarder les haies, à s’émerveiller devant la vie qu’elles abritent », insiste Emmanuel Vidal, qui milite pour des haies diversifiées mêlant fleurs sauvages et essences locales. Leur présence contribue à la régulation naturelle des ravageurs et à la pollinisation, tout en embellissant les paysages agricoles.