Stratégies pour enrayer l’épizootie

L’enrayement repose sur l’interruption du cycle de contamination. Les mesures clés incluent :

- l’enlèvement systématique des cadavres, qui sont des foyers de prolifération majeurs ;

- l’aération ou l’oxygénation artificielle des plans d’eau, pour perturber l’environnement anaérobie propice à la toxine ;

- la limitation des apports organiques, par une meilleure gestion des effluents agricoles et du ruissellement ;

- la fermeture temporaire des zones humides affectées, y compris pour la fréquentation humaine, afin de limiter le stress sur les espèces malades et éviter la dissémination ;

- le pompage ou l’assèchement temporaire de certains plans d’eau, dans les cas extrêmes.

La réactivité est essentielle, car plus la réponse est rapide, plus les pertes fauniques sont contenues. La coordination entre gestionnaires d'espaces naturels, agences sanitaires et associations locales est donc très importante.

 

Conséquences sur la faune sauvage

L’impact sur la faune sauvage peut être massif, et dans des temps pas très anciens, certaines épidémies ont tué plusieurs milliers d’oiseaux en quelques semaines. Le déclin brutal de populations déjà fragiles, notamment chez certaines espèces protégées, a des conséquences lourdes sur l’équilibre écologique. La prédation étant perturbée, les chaînes trophiques locales s’en trouvent affectées. Les cadavres non retirés alimentent des populations de charognards, pouvant créer des déséquilibres (surabondance de corvidés ou de renards par exemple). Par ailleurs, le stress sanitaire diminue la fécondité et la résilience des populations survivantes.

 

Risque de récidives : un danger chronique

Le risque de récidive est élevé dès lors que les conditions environnementales favorables persistent. Une seule carcasse oubliée peut relancer le cycle. Les étés chauds et secs, de plus en plus fréquents avec le changement climatique, aggravent ces épisodes. Le réchauffement global, l’eutrophisation des zones humides et la fragmentation des habitats sont autant de facteurs qui contribuent à une recrudescence probable des cas à l’avenir. Une surveillance pérenne, associée à un protocole de veille épidémiologique, est donc impérative pour limiter la chronicité du phénomène.

 

Suspension de la chasse : une mesure incontournable

Dans les secteurs touchés, la chasse doit être suspendue sans délai et pour toute la durée de la crise. Plusieurs raisons justifient cette mesure :

- éviter le dérangement de la faune malade, qui gaspille alors ses dernières réserves d’énergie et augmente son taux de mortalité ;

- limiter la dissémination des pathogènes, car les déplacements d'oiseaux peuvent transporter les toxines dans d'autres plans d'eau ;

- prévenir les risques de consommation de gibier contaminé, surtout pour les espèces susceptibles d’être ingérées par l’homme ou les chiens de chasse ;

- faciliter le travail des équipes de suivi, qui peuvent repérer plus facilement les individus affectés.