Une activité controversée mais stratégique

Si la chasse touristique demeure un moteur économique pour certaines régions, elle est de plus en plus confrontée à des critiques d’ordre environnemental et moral. L’idée même de « tuer pour le loisir » entre en contradiction avec les valeurs émergentes d’un tourisme responsable et respectueux du vivant. Pourtant, paradoxalement, la chasse encadrée contribue à la préservation des écosystèmes. Les recettes générées permettent de financer la gestion de la faune, la lutte contre le braconnage et l’entretien des habitats naturels. Des études menées en Namibie ou au Zimbabwe montrent que les programmes de chasse réglementée ont parfois davantage protégé la biodiversité que des politiques de conservation strictement protectionnistes. 

Dans les régions européennes, la chasse constitue également un pilier de l’économie rurale. Elle favorise la création d’emplois saisonniers et soutient les infrastructures touristiques. Toutefois, sa légitimité sociale s’effrite : les mouvements animalistes et écologistes dénoncent son caractère anachronique et ses conséquences sur certaines espèces. De plus, les conflits d’usage entre chasseurs, randonneurs et autres acteurs du tourisme de nature révèlent des tensions croissantes autour de la gestion de l’espace rural. Face à ces enjeux, la notion de chasse durable émerge comme un compromis possible. Elle repose sur des quotas, des périodes strictes, une sélection des espèces et une redistribution équitable des bénéfices aux communautés locales. Dans cette perspective, la chasse ne serait plus une simple activité récréative, mais une composante régulée du développement territorial et du tourisme écologique.

Ainsi, loin d’être un vestige du passé, la chasse, lorsqu’elle s’intègre à une stratégie touristique responsable, peut devenir un instrument de gouvernance locale, conciliant héritage culturel, attractivité économique et gestion raisonnée des ressources naturelles.