Le Parlement européen a approuvé, jeudi dernier, une proposition visant à assouplir et simplifier la législation européenne contre la déforestation importée, après plusieurs mois de pressions de la part d’industries et de pays partenaires hors UE. La loi, initialement conçue pour entrer en vigueur fin 2024, a déjà été reportée une première fois à décembre 2025. La nouvelle proposition prévoit désormais un second report, repoussant son application à la fin de l’année 2026. Ce nouveau délai est officiellement attribué à un problème informatique dans le système destiné à traiter les données de diligence raisonnable exigées par la loi. La Commission européenne a annoncé en octobre que ce système, crucial pour vérifier que les produits entrant sur le marché européen ne sont pas liés à la déforestation, ne serait pas opérationnel avant fin 2026. Toutefois, plusieurs députés écologistes contestent cette justification, accusant l’exécutif européen d’utiliser ce prétexte pour céder aux pressions politiques et industrielles. Marie Toussaint, corapporteure du texte, a dénoncé une décision « sans précédent » et une « insulte » aux défenseurs du climat. La législation anti-déforestation impose aux fournisseurs de produits tels que le cacao, le café, le soja, l’huile de palme, le caoutchouc, le bois ou encore le bœuf, de prouver que leurs chaînes d’approvisionnement ne contribuent pas à la destruction des forêts. Plusieurs partenaires commerciaux majeurs, notamment les États-Unis et le Brésil, ont critiqué le dispositif, estimant qu’il crée des contraintes excessives, nuit au commerce équitable et pourrait enfreindre les règles de l’Organisation mondiale du commerce. Face à ces critiques, la Commission a proposé une version simplifiée de la loi. Le Parlement a soutenu cette approche, qui vise à réduire la quantité de données exigées par le système informatique et à alléger les formalités administratives pour les agriculteurs, exploitants forestiers et entreprises. L’une des principales modifications consiste à supprimer l’obligation, pour les entreprises commercialisant des produits finis dans l’UE, tels que chocolatiers ou chaînes de distribution, de fournir une déclaration de diligence raisonnable lorsqu’elles se contentent de revendre des produits déjà mis sur le marché par d’autres opérateurs. Ainsi, tout en maintenant les objectifs environnementaux de la loi, l’UE cherche à concilier protection des forêts, faisabilité technique et stabilité des échanges commerciaux.