L’écologie de terrain, la vraie, reste coincée entre deux posts sur les réseaux sociaux et un appel aux dons. D’ailleurs, l’État verse chaque année environ 11 milliards d’euros en subventions au monde associatif, et les ONG environnementales en absorbent une part significative. De quoi mener des actions puissantes sur le terrain, mais on voit surtout des campagnes de communication. Alors, ces associations se battent-elles vraiment pour la nature… ou pour leur image ? Et ça tombe mal pour elles, puisqu'on apprenait en début de semaine que La Fondation 30 Millions d’Amis est aujourd’hui dans la ligne de mire de la Cour des comptes en raison d’un matelas financier estimé à 86 millions d’euros, soit près de quatre années et demie de fonctionnement. Le rapport de la Cour dénonce une « thésaurisation excessive » des ressources qui devraient être mobilisées au profit de la cause animale, et s’interroge sur l’écart entre les moyens financiers considérables de la fondation et le niveau relativement modeste de ses actions opérationnelles. L’institution exige notamment une gouvernance renforcée, une planification plus rigoureuse des dépenses, en particulier immobilières, et une meilleure transparence de la communication financière. Faute de progrès, la fondation pourrait perdre son statut d’utilité publique et ses avantages fiscaux. La fondation, consciente du défi, affirme être engagée dans une réforme de ses pratiques pour aligner ses actions à la hauteur des fonds récoltés...
Arrive donc la désillusion. Celle qu’on ressent quand on regarde autour de soi : les paysages qui changent, les insectes qui se font rares, les rivières qui deviennent des lits d’assec... Et pourtant, on n’a jamais autant parlé d’écologie. C’est à se demander si les mots ne servent pas, au fond, à masquer l’impuissance collective. Les associations écolos, jadis pleines d’idéal, se sont peu à peu institutionnalisées, professionnalisées, médiatisées. Elles sont devenues des structures de communication plus que d’action. Leur combat s’est bureaucratisé : on rédige des rapports, on signe des pétitions, on participe à des réunions… et les forêts continuent de brûler. Le « budget vert » de l’État, lui, s’élève désormais à 41,7 milliards d’euros, dont 39,7 milliards pour des dépenses jugées favorables à l’environnement. Mais que change-t-il, concrètement, quand les nappes phréatiques s’épuisent et que la faune disparaît ? On attend tous une écologie pragmatique, pas spectaculaire. Une écologie de terrain, pas de plateau télé. Une écologie de collaboration, pas de confrontation. Alors, pourquoi ne veulent-ils pas travailler avec les agriculteurs, les chasseurs, les entreprises locales, plutôt que de les accuser en bloc ? Cette écologie du dialogue serait moins glamour, moins médiatique, mais ô combien plus efficace. Malheureusement, elle suppose d’abandonner les certitudes, les postures, les slogans. Et c’est sans doute ce que ces associations redoutent le plus : perdre leur rôle de héros solitaires dans un monde qu’elles n’arrivent plus à sauver. Alors oui, la nature continue à se dégrader, et pendant qu’ils cherchent qui blâmer, elle disparaît en silence. Pas à cause d’un chasseur, ni d’un lobby, mais parce que trop souvent, chez les ecolos, les mots remplacent les actes, les symboles remplacent l’effort, et les discours remplacent le courage.
