L’animaliste, lui, raisonne tout autrement. Sa préoccupation n’est pas l’équilibre global des écosystèmes, mais le sort de chaque animal en tant qu’être sensible, capable de souffrir et porteur d’intérêts propres. Là où l’écologiste perçoit des populations et des chaînes trophiques, l’animaliste voit des individus, avec une valeur intrinsèque qui ne peut être sacrifiée au nom d’une gestion ou d’un équilibre collectif. Son discours s’enracine dans une philosophie morale et juridique : les animaux doivent être protégés non seulement parce qu’ils font partie de la nature, mais parce qu’ils ont droit à la vie, à l’intégrité et au respect. La chasse, dans cette perspective, n’est pas seulement discutable, elle est fondamentalement illégitime : elle équivaut à tuer délibérément des êtres innocents pour des motifs que l’animaliste juge dérisoires, qu’il s’agisse de tradition, de loisir ou même de régulation. Là où l’écologiste peut concevoir une utilité ponctuelle et encadrée, l’animaliste voit une barbarie insupportable. La haine de la chasse est donc bien plus radicale et absolue dans ce camp, car elle vise la pratique elle-même et non ses excès. Ainsi, si les deux courants peuvent parfois converger dans les mêmes manifestations ou slogans, leur motivation profonde diverge : le premier cherche à préserver des équilibres, le second à protéger des individus. C’est cette différence de regard, entre logique écologique et logique éthique, qui éclaire la force des divergences et la radicalité inégale de leur opposition au monde de la chasse.