- L’augmentation des populations de grands gibiers, notamment du sanglier, met-elle en péril les productions agricoles ?
« Il convient d’être vigilant, car certains secteurs géographiques sont fortement impactés, notamment en Bouriane et dans la vallée du Lot. La pression est très variable selon les secteurs. Les dégâts les plus importants impactent le maïs, puis la vigne, les céréales et les prairies. La modification des pratiques culturales génère une augmentation des surfaces de maïs, et on constate une multiplication des points noirs et des secteurs à risques, avec des zones fortement touchées. A noter aussi que les dégâts sur prairies nuisent à la qualité du foin récolté dans notre département, où l’élevage est important ».
- Quels moyens supplémentaires faudrait-il déployer pour endiguer l’augmentation des populations de sangliers ?
« La période de chasse s’étend du premier juin jusqu’au 31 mars de l’année suivante. On ne peut faire guère plus, si ce n’est des actions ponctuelles en cas de problèmes hors de ces périodes. Il est impératif de sensibiliser les acteurs de la chasse pour qu’ils maintiennent une forte pression sur les suidés dans tous les secteurs à risques. Il faut aussi éviter que ne se créent des réserves de fait, sur des territoires pas, peu ou mal chassés. Sur des zones péri-urbaines, sont pratiquées des opérations de piégeage de sangliers. Cela doit concourir aussi à augmenter notre arsenal répressif, mais l’outil le plus important demeure la battue aux chiens courants pour réduire les populations, en maintenant une pression et une efficacité maximale ».
- Les mesures de protection des cultures sont-elles suffisantes pour être efficaces ?
« Certaines zones ne peuvent pas être clôturées, car la mise en œuvre est très compliquée et l’efficacité reste limitée. De plus il me parait aussi compliqué d’imposer à l’agriculteur ce type de prévention. Par contre, là où c’est possible, un partenariat avec l’implication des chasseurs locaux est envisageable. On assiste aussi par endroits, dans le vignoble, à la mise en place de clôtures fixes par grillage, ce qui parait intéressant. L’inconvénient, lorsqu’on clôture un ilot, c’est de repousser les animaux vers des zones non protégées. On ne fait donc que déplacer le problème... ».
- Le rapprochement entre les agriculteurs et les chasseurs pour faire face aux dégâts parait nécessaire. Quel est votre avis ?
« Je suis très favorable à cette synergie, elle est impérative. On ne règlera les problèmes qu’en se parlant. Les dégâts ont de multiples causes connues, et pour faire baisser la pression, tout passe par la concertation entre agriculteurs et chasseurs, avec le concours de l’administration et du préfet. Chaque partie apporte sa volonté, son savoir et sa pratique. Je pense que les chasseurs ont pris globalement conscience des enjeux, et je souhaite aussi l’implication des agriculteurs dans la chasse du sanglier. Peut-être faudrait-il aussi aider financièrement les jeunes et les inciter à passer le permis de chasser. Les chasseurs sont moins nombreux et les sangliers plus nombreux, donc nous aurons impérativement besoin des jeunes à la chasse ».
- Président de Chambre d’Agriculture et amateur de chasse au sanglier est-ce compatible ?
« Pour moi oui, sans l’ombre d’un doute. Il faut s’adapter et trouver le temps, ou l’aménager. J’ai un réel plaisir à pratiquer la chasse au sanglier chaque fois que possible. Ma connaissance du milieu, des biotopes est une aide précieuse, cela permet de solutionner certaines difficultés. Etre agriculteur et chasseur, c’est défendre la ruralité et ses valeurs, ce n’est donc pas du tout antinomique pour moi, d’autant plus que se profilent, en plus du sanglier, les dégâts commis par les cervidés. Le chevreuil est chronophage sur les bourgeons dans les vignes, et il faudra porter une attention particulière à l’augmentation des populations de grands cervidés, pour ne pas se laisser dépasser. L’équilibre est fragile, il faut donc être vigilant... ».