Le sanglier au cœur des débats
Pour les écolos, la responsabilité revient aux chasseurs qui, avec l’agrainage, tentent de maintenir les animaux en forêt. Mais ce que les écolos évitent bien d’aborder, c’est la pression exercée par les prédateurs. En recolonisant les territoires desquels il avait été éradiqué après des siècles de lutte incessante, le loup exerce une pression directe sur la faune sauvage, même sans être physiquement présent en permanence. Autour de lui et dans un rayon supérieur à deux kilomètres, les animaux fuient et paradoxalement viennent chercher refuge dans les espaces habités par l’homme, où le risque de prédation est moindre. Ainsi, les abords des villes deviennent des sanctuaires involontaires pour la faune sauvage. Ce phénomène traduit une recomposition profonde des rapports entre humains et animaux. Les frontières que l’on croyait nettes, la forêt d’un côté, la ville de l’autre, s’effacent. Jardins, friches urbaines, rives de rivières et talus d’autoroutes deviennent autant de relais écologiques. Pour certains habitants, cette cohabitation suscite émerveillement. Pour d’autres, elle nourrit inquiétude et exaspération. L’avenir dépendra sans doute de la capacité collective à repenser la gestion de la faune. Doit-on renforcer la chasse, ou au contraire miser sur la régulation naturelle par les prédateurs ? Faut-il adapter l’urbanisme pour tenir compte des déplacements des animaux ? Une chose est sûre : la faune sauvage, repoussée par le loup mais attirée par nos villes, rappelle à chaque trou de pelouse ou chaque passage furtif qu’elle n’a jamais cessé de partager nos territoires.