Depuis plusieurs années, le frelon asiatique (Vespa velutina) est perçu comme une menace pour la biodiversité européenne, en particulier pour les abeilles domestiques et sauvages. Mais une étude espagnole suggère qu’un rapace diurne, la bondrée apivore (Pernis apivorus), pourrait agir comme un nouveau prédateur naturel de cet envahisseur. Cette découverte nourrit l’espoir d’une régulation plus équilibrée de cette espèce invasive. On connaît la bondrée apivore comme un rapace insectivore, souvent comparé à une buse par sa silhouette en vol. Elle se nourrit principalement de larves, pupes ou nymphes d’hyménoptères sociaux (guêpes, bourdons, frelons), qu’elle extrait souvent par fouilles ou en détruisant les rayons du nid. Sa morphologie est adaptée à cette niche : des plumes très courtes et dures sur la tête, des paupières renforcées, des narines étroites qui limitent l’entrée d’insectes, et une bonne tolérance au venin. En Europe, la bondrée apivore est une migratrice : elle passe l’hiver en Afrique subsaharienne et revient au printemps pour nicher. Les travaux menés dans le nord‐ouest de l’Espagne, notamment en Galice et dans les zones à plantation d’eucalyptus, montrent une corrélation entre la présence de la bondrée et la densité de nids de frelons asiatiques. Dans ces zones, les chercheurs ont observé que certains couples de bondrées peuvent détruire entre 15 et 60 colonies de frelons durant la saison de reproduction, voire plus dans certains cas. Cette prédation intervient particulièrement au printemps, au moment où les reines de frelons commencent à pondre, et en fin de saison, lors de la montée démographique des ouvrières. Les auteurs de l’étude intitulée « Encouraging native predators of invasive yellow-legged hornets: breeding habitat preferences of European honey buzzards in exotic Eucalyptus plantations » mettent en avant que les bondrées utilisent ces colonies comme source de nourriture pour nourrir leurs petits. Il ne s’agit pas d’une solution miracle : la bondrée apivore ne pourra pas éradiquer le frelon asiatique à elle seule. Son effectif est relativement modeste, puisque, en France, on estime la population à environ 20 000 couples, et chaque couple ne peut couvrir qu’une zone limitée. Cependant, l’étude propose que la bondrée devienne un acteur de la lutte intégrée : en favorisant l’habitat favorable à sa nidification (trous dans les vieux arbres, diversité des essences) dans les territoires envahis, on pourrait renforcer ce prédateur ailé et allié, mais faudra veiller à ce que les pratiques agricoles et forestières, ainsi que l’usage de pesticides, ne nuisent pas à ce rapace.
Auxiliaire précieux des apiculteurs : la bondrée apivore
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Auxiliaire précieux des apiculteurs : la bondrée apivore