Cette histoire, non pas de chasse, mais de sanglier, m’a été contée par un cheminot retraité, un ancien de « la vapeur » attaché à un vaste dépôt de triage et de réparations de locomotives de l’Est de la France...
Nous sommes en décembre 1945, quelques jours avant Noël. Après cinq années de conflit, le réseau ferré était en triste état. Sur les axes principaux, les équipes au sol s’affairaient à l’entretien et aux réparations les plus urgentes. Les transports de marchandises étaient prioritaires, et les quelques voyageurs n’en finissaient plus d’attendre, dans des salles, pas ou peu chauffées, le convoi qui les mènerait à destination. Les horaires étaient souples, mais peu s’en offusquaient, tant les années précédentes les avaient habitués à la patience, voir au renoncement. Toutes les voies ferrées étaient donc « stratégiques », y compris les voies uniques qui permettaient le ravitaillement en munitions et intendance des forts qui formaient la ligne infranchissable sur laquelle l’ennemi devait buter. On sait qu’il n’en fut rien, puisque, plutôt que de se heurter à ces murailles défensives, il les a contournées. Bref, sur ces lignes, les convois attendaient leur tour pour circuler dans un sens ou dans l’autre, afin d’emmener les wagons chargés à destination, et de ramener à la gare de triage, ceux qui étaient vides. Il faut également savoir qu’à cette époque, c’était toujours ménage à trois : le mécanicien, le chauffeur et la machine...
Par J-F.G.
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