Voie haute, voie basse…

Comment expliquer que, par une matinée de gelée blanche, la voie de la nuit (qui peut dater de plusieurs heures), soit parfois excellente en rapprocher, alors que, aussitôt le lancer, les chiens auront peine à la suivre. Plus déroutant encore, comment une voie, qui semble s’être complètement dissipée, au point de paraitre imperceptible pour les chiens, peut-elle réapparaitre quelques heures plus tard ? Tout ce que l’on peut retenir des observations faites, c’est qu’un temps calme et la stabilité de l’atmosphère et de la température, constituent les conditions les plus favorables. En revanche, tout ce qui trouble et agite le milieu atmosphérique (bourrasque de vent, tempête, pluie abondante) sera ennemi du chien. Bien qu’un certain degré d’humidité soit absolument nécessaire, il ne faut pas, à contrario, qu’il y en ait trop. La théorie de la voie haute ou de la voie basse, admise par certains, réfutée par d’autres, n’a jamais été confirmée. Ce que l’on peut dire cependant, c’est qu’une voie haute est empaumée plus facilement par le chien qui travaillera tête haute, donc se fatiguera moins. Mais cela non plus n’explique pas pourquoi et comment une voie basse reste collée au sol alors qu’une voie haute s’élèvera dans l’atmosphère. C’est évident diront les uns, cela est dû à l’élévation de température. Soit, mais si c’est le cas, cette voie haute devrait, elle aussi, échapper au sens olfactif du chien, dès qu’elle aura dépassé sa hauteur. Que dire alors des chiens bas sur pattes ? Seraient-ils impuissants à chasser une voie haute ? Bien sûr que non, et tous les conducteurs de bassets vous le confirmeront. Ces vérités déconcertantes doivent être prises en compte et méditées par les chasseurs aux chiens courants, dont le comportement est, rappelons-le, sous la dépendance de ces éléments extérieurs.

 

A la recherche de la perfection   

Le chien parfait n’existe donc pas, et celui qui approche la perfection est rarissime. Il y a donc peu de chances de pouvoir en acquérir un, à moins de circonstances exceptionnelles, car un sujet de cette valeur ne se vend pas. D’où la nécessité de sélectionner et sélectionner encore, afin de ne garder, pour la reproduction, que des géniteurs ayant fait leurs preuves, et ce, quels que soient leurs défauts visuels apparents. La recherche de beauté ne viendra qu’après, quand la souche de travail sera parfaitement établie, stabilisée et confirmée. Selon le mode de chasse pratiqué, les chiens ne seront pas soumis aux mêmes sollicitations. Au bois, le chasseur à tir préfèrera un chien requérant, capable d’aller au cœur des fourrés les plus épais pour en faire sortir les bêtes noires. Ensuite, selon les régions, les biotopes, les coutumes locales et la superficie de la chasse, il lui sera demandé de continuer ce premier travail. Là, il ne reste que deux hypothèses, soit avoir un ou des chiens qui pousseront jusqu’à la ligne de fusils, dans le cas des chasses de petites surfaces, et c’est la fonction type du « broussailleur ». Soit poursuivre les animaux qui empruntent les grands défilés, quand les surfaces sont conséquentes (plusieurs milliers d’hectares), ce qui est quasiment le cas de toutes les ACCA du sud de la France. On le voit, et c’est une évidence, le physique du chien doit être adapté au travail qu’il aura à effectuer dans son environnement. Que ferait un chien bas sur pattes dans une battue au grand gibier en moyenne montagne ou à l’inverse, un grand chien sur une chasse d’une centaine d’hectares comme il y en a encore beaucoup au nord de la Loire. Si le compromis doit être recherché, et trouvé, quant aux races à utiliser, il ne sera jamais bon en ce qui concerne la taille du chien, au risque d’avoir des problèmes de voisinage, ou d’user prématurément un auxiliaire qui voudra donner plus qu’il ne peut. Méditons sur cet aveu d’un veneur qui déclarait : « mes artésiens chassent merveilleusement le lièvre, mais ils sont toujours forcés avant lui… », et concluons par ce constat : dans toutes les races, il y a des très bons chiens, des bons… et les autres.