Cette prédation entraîne la disparition de végétaux essentiels à l’oxygénation des milieux et à la reproduction de nombreuses espèces endémiques, comme le brochet ou la rainette verte (Hyla arborea). La dégradation de ces habitats provoque également une accumulation de matière organique et une diminution de l’oxygène dissous, transformant certains plans d’eau en zones mortes. Un autre vecteur de nuisance est la transmission de pathogènes. P. clarkii est porteur sain de Aphanomyces astaci, agent de la peste de l’écrevisse, responsable de la disparition des espèces autochtones telles que l’écrevisse à pattes blanches (Austropotamobius pallipes). Elle est également suspectée de favoriser la propagation de la chytridiomycose, maladie fongique affectant gravement les amphibiens. Face à cette menace, plusieurs initiatives de gestion ont été mises en place, notamment en Nouvelle-Aquitaine, région particulièrement touchée. Les stratégies incluent le piégeage massif, la surveillance écologique, l’éducation des populations locales, et des expérimentations comme la stérilisation ou la mise en place de barrières naturelles. Toutefois, l’éradication complète semble improbable à court terme. La prolifération de P. clarkii souligne la vulnérabilité des écosystèmes aquatiques européens aux introductions d’espèces exotiques. Elle met en évidence les conséquences non anticipées de certaines pratiques humaines et interroge sur la pertinence de poursuivre l’élevage ou l’utilisation commerciale de cette espèce. L’écrevisse rouge de Louisiane constitue aujourd’hui un indicateur fort du dérèglement de nos milieux naturels et appelle à une mobilisation scientifique, politique et citoyenne urgente.