Les quelques 500 oiseaux sauvages naturellement présents dans l’UE sont protégés par la directive sur la conservation des oiseaux sauvages, tandis que la directive sur la conservation des habitats naturels tente, elle, de protéger les espèces animales rares, menacées ou endémiques et les types d’habitat spécifiques. L'UE, en partenariat avec l’AEE, a présenté, la semaine dernière, à Bruxelles, les conclusions d’une étude inédite sur le braconnage dans l’Union européenne. S’appuyant sur une approche statistique appliquée à la criminologie, ce travail estime que seuls 4 à 6 % des actes de braconnage sont détectés et sanctionnés. Autrement dit, près de 95 % de ces infractions échappent encore aux contrôles, formant ce que les experts appellent le « chiffre noir » de la criminalité environnementale. Selon l’étude, le coût estimatif annuel du braconnage en Europe atteindrait environ 3 milliards d’euros, sachant que cette estimation combine les pertes financières liées aux amendes non perçues, aux dépenses publiques consacrées à la surveillance et aux poursuites, ainsi que la valeur écologique et économique des animaux prélevés illégalement. « Le braconnage est une atteinte directe au patrimoine naturel commun des Européens. Il ne s’agit pas seulement d’une question de biodiversité, mais aussi d’une perte économique et culturelle considérable », a déclaré le rapporteur de l’AEE, lors de la conférence de presse. Pour arriver à ces conclusions, les chercheurs ont mené des entretiens avec des gardes forestiers, les forces de police, des magistrats, des chasseurs, des propriétaires fonciers et même des braconniers, condamnés dans plusieurs États membres.
Ils ont identifié différentes typologies de ces actes illégaux :
- le braconnage « de subsistance », notamment dans certaines zones rurales économiquement fragiles ;
- l’opportunité lors d’actions de chasse, avec des dépassements volontaires de quotas ou des périodes légales ;
- les réseaux organisés, spécialisés dans le trafic de gibier, de trophées ou d’espèces protégées, souvent liés à la criminalité transfrontalière.
La diversité des paysages européens, allant des forêts scandinaves aux zones méditerranéennes, rend les contrôles encore plus complexes, d’autant plus que les disparités entre législations nationales compliquent également la coopération judiciaire et policière. Le rapport montre également que le braconnage touche quasiment toutes les espèces gibiers, et d’autres emblématiques protégées : cerfs, chevreuils, sangliers, lièvres, perdrix, bécasses, mais aussi les ours bruns, les loups et les lynx. Les oiseaux migrateurs, particulièrement vulnérables sur les routes de migration méditerranéennes, figurent aussi parmi les victimes fréquentes. Au-delà des animaux abattus, c’est l’équilibre de nombreux écosystèmes qui est fragilisé, accentuant les menaces qui pèsent sur la biodiversité européenne.