Née le 22 février 1837 dans la petite ville d'Oak Creek, dans le Wisconsin, Augusta Wallihan, surnommée « Gusty », écrivait, à propos de son enfance : « Mon père était un excellent tireur. Il pouvait frapper la perdrix, la gélinotte huppée ou l'écureuil du haut d'un grand érable avec son fusil à chargement par la bouche. Souvent, je m'asseyais à ses côtés et le regardais façonner les balles rondes, que je trouvais jolies et brillantes quand il les mettait dans leur boite… ». Puis la famille de Gusty s’installa à Salt Lake City, dans l'Utah, où, au début des années 1880, elle perdit ses parents et un peu plus tard son premier mari. En 1882, Augusta et son frère Thomas déménagèrent à Lily Park, dans le Colorado, où Thomas monta un élevage de bétail. C'est là que Gusty rencontra celui qui allait devenir son deuxième mari, Allen G. Wallihan, qui avait vingt-deux ans de moins qu'elle. « Comme nous étions isolés à des kilomètres de la première habitation et seuls en montagne, mon frère et Allen voulaient que j'apprenne à tirer… avec notre fusil de chasse Parker. Lorsque j’ai fait ma première tentative, je ne pouvais pas tenir le fusil à bout de bras, alors j’ai appris à tirer en appui… J’ai eu mon premier cerf au printemps suivant, tué d’une balle dans le cou… ». Un jour, alors qu’elle regardait une fourmi emporter les miettes de son déjeuner, elle ne remarqua pas un cerf mulet, jusqu'à ce qu'il arrive à quelques mètres d'elle. « Si seulement il était possible de le prendre en photo… » pensa-t-elle. Peu de temps après, Gusty échangeait, avec un jeune ecclésiastique, une paire de gants en peau de cerf perlés qu'elle avait confectionnée, contre son appareil photo… Une nouvelle carrière commençait, qui a abouti, dix ans après, à la publication de deux livres : « Sabots, griffes et bois des montagnes Rocheuses » en 1894, et « Plans de caméra sur le gros gibier » en 1901. Ces publications ont incontestablement marqué le début de l’art de la photographie animalière, encouragé par Theodore Roosevelt lui-même, qui a écrit les introductions des deux volumes. Les Wallihan entraient par la grande porte chez les zoologistes et les artistes… En 1900, le couple est invité à exposer ses photographies à l'Exposition universelle de Paris, puis en 1904, à l'Exposition universelle de Saint-Louis. Les Wallihan sont tous deux devenus des porte-parole en faveur de la conservation et de la gestion du gibier. Écrivant pour des magazines sportifs et des journaux locaux, ils ont attiré l’attention de la nation sur les dommages que subissaient les troupeaux de cerfs et de wapitis, en raison d’une chasse commerciale excessive…