Méthodologie et étapes de mise en place

La création d’un îlot suit plusieurs étapes structurées :

- sélection des essences : ce choix repose sur les fiches du projet CARAVANE du RMT AFORCE, qui évaluent plus de 200 essences à partir de 37 critères (tolérance à la sécheresse, résistance aux bioagresseurs, productivité, qualité du bois, etc.). Les résultats issus d’arboretums et de dispositifs anciens d’expérimentation sont également mobilisés ;

- choix du site d’implantation : le terrain retenu doit être représentatif de la région forestière concernée. Les zones où la régénération naturelle est déficiente sont privilégiées ;

- production et plantation des plants : les essences sélectionnées sont élevées en pépinières partenaires sur un à trois ans. Les jeunes plants sont ensuite introduits en forêt, protégés si nécessaire de la pression des ongulés par des clôtures ou gaines ;

- suivi et évaluation : la croissance, la survie et l’adaptation des plants sont observées à long terme. Les résultats sont mutualisés au sein du réseau RENEssences afin d’orienter les décisions sylvicoles futures.

 

Premières implantations et déploiement national

La forêt domaniale de Haye (Meurthe-et-Moselle) a accueilli les premiers îlots d’avenir dès 2017, avec l’introduction de trois essences alternatives au hêtre et au chêne pédonculé : le chêne pubescent, le sapin de Turquie et le calocèdre. Depuis, le dispositif s’est largement étendu. Dans le Grand Est, 75 îlots de deux hectares, regroupant environ 300 000 plants, ont été mis en place entre 2017 et 2022. À l’échelle nationale, 746 îlots couvrant 1 331 hectares ont été implantés, avec une concentration notable dans les régions Grand Est, Bourgogne-Franche-Comté et Centre-Ouest Aquitaine. Les pépinières de l’ONF, dont celle de Cadarache (Bouches-du-Rhône), assurent l’approvisionnement en plants adaptés. Les îlots d’avenir constituent un instrument essentiel pour anticiper les impacts du changement climatique sur les forêts françaises. Ils permettent non seulement d’identifier les essences les mieux adaptées aux conditions futures, mais aussi de constituer progressivement des ressources génétiques disponibles, notamment par la récolte de graines issues des essences prometteuses. Pour l’ONF, ce dispositif s’inscrit dans une approche plus large de diversification et d’adaptation des forêts. Comme le souligne Brigitte Musch, « face au changement climatique, il n’existe pas une solution unique mais un ensemble de réponses complémentaires ». Les îlots d’avenir représentent ainsi une contribution majeure à la construction de forêts résilientes pour les générations futures.