Les fondamentaux de la démarche Brossier-Pallu

Elle bénéficie du soutien du ministère de l’Agriculture et de l’alimentation, ainsi que du ministère de la Transition écologique, afin d’être déployée dans l’ensemble des régions. Le premier volet de la démarche « équilibre forêt et gibier » consiste à :

- effectuer un audit à l’aide de fiches d’inventaire sur une parcelle qui semble poser des problèmes en termes de dégâts, et en apprécier l’importance selon un barème quantifié ;

- identifier les causes de l’importance des dégâts ;

- y apporter des solutions curatives, et ce, en rassemblant, à chaque niveau de la procédure, les acteurs incontournables de la gestion de la forêt et des ongulés.

Le second volet de la démarche, intéresse les solutions préventives quant à la préservation d’une bonne harmonie entre forêt et gibier :

- réaliser des ICE et interpréter leurs tendances ;

- les utiliser pour gérer les effectifs d’ongulés, conforter l’analyse avec les inventaires simplifiés de dégâts et d’autres indicateurs ;

- dynamiser la gestion forestière en prenant en compte la présence des ongulés ;

- maintenir et améliorer la capacité nourricière des massifs ;

- s’adapter au contexte et anticiper les renouvellements forestiers…

Rappelés à l’occasion par Pierre Brossier en personne, les fondamentaux de la démarche n’ont donc rien d’une « sauce » que l’on modifie selon les goûts des invités. Elle est largement inspirée du « Discours de la Méthode » préconisée par Descartes. Quant à Jacky Pallu, il rappelait : « Trop de travaux sont engagés sur des observations à dire d’expert. Il importe avant tout de chiffrer, et de partager ! ».

 

Vers une forêt modèle…

A cheval sur les départements de l’Oise et du Val d’Oise, la forêt du Château de Chantilly couvre une superficie de 6 381 ha. Composée à 94% de feuillus, le chêne pédonculé en est l’essence dominante laquelle, malheureusement, est en voie de dépérissement. Le défi qui s’impose au forestier est d’y conserver la biodiversité, et des sols riches assurant un bon équilibre écologique, et un bon équilibre forêt-gibier afin d’assurer le renouvellement de la forêt. A cet effet, l’option qui a été choisie est celle de la mise en œuvre d’une sylviculture mélangée, à couvert continu. Ce qui implique :

- le maintien d’un couvert forestier permanent, avec une grande diversité d’essences ;

- une régénération naturelle et par plantation sous couvert, le but étant d’obtenir une résilience accrue face aux changements climatiques, pour la préservation des chênes notamment. Christophe Launay devait évoquer à l’occasion, quelques cas concrets initiés dans ce cadre :

- entretien des linéaires de bordure pour améliorer la capacité nourricière ;

- enlèvement des enclos grillagés pour offrir davantage d’espace vital à la grande faune ;

- mise en place d’itinéraires fixes pour les engins forestiers pour mieux protéger les sols ;

- périodes d’interventions planifiées dans le temps afin de respecter les cycles biologiques du monde vivant (nidification, reproduction).

Sur les 15 lots de chasse que compte le domaine, les responsables souhaitent mettre en œuvre une gestion adaptative de l’équilibre forêt-gibier, qui soit acceptée par tous, durable et dynamique. Dans ce contexte, un groupe technique cerf a été créé en février dernier. Sa mission est de soumettre des propositions pour améliorer la relation sylvo-cynégétique, d’actualiser les connaissances sur les corridors écologiques, et d’assurer une bonne prise ce compte des indicateurs de changement écologiques. La combinaison de la gestion forestière et de la gestion adaptative de l’équilibre forêt/gibier devrait conduire le Domaine de Chantilly à s’imposer comme le modèle d’un décor où la forêt pousse avec des animaux bien présents et en quantité optimale.