Dans les sous-bois, on sent alors une électricité particulière. Les souilles sont profondes, les coulées fraîchement ouvertes, les écorces arrachées aux troncs. Les sangliers s’activent à toute heure, parfois même en plein jour. L’animal déborde de vigueur et devient aussi plus rapide dans sa réaction. Les observateurs notent des charges soudaines, des comportements de défense exacerbés, même face à des menaces mineures. Ce n’est plus le placide visiteur nocturne des champs, mais un véritable maître de forêt. Sa confiance augmente, son instinct de fuite diminue. Pour le chasseur, cette mutation n’est pas anodine : elle transforme chaque battue en épreuve de sang-froid. Car le sanglier de l’année à glands, repu et fougueux, n’hésite plus à affronter l’homme.

 

Lucidité, prudence et respect

Face à un sanglier « énervé », le chasseur doit redoubler de prudence. Plus que jamais, la sécurité prime. En battue, la cohésion et la discipline sont les premières armes. Chaque posté doit connaître son angle, sa zone de tir, et garder en tête que l’animal peut charger vite et sans prévenir. Le tir ne s’improvise donc pas. Dans ces conditions, les chiens aussi sont mis à rude épreuve. Il faut des traqueurs aguerris, capables de contenir leur meute et de lire le terrain. Le vent, la fraîcheur matinale, la densité des chênaies deviennent des alliés précieux. On privilégiera les zones de gagnage connues, à proximité des endroits où les glands tapissent encore le sol, en évitant les approches hasardeuses dans les fourrés denses. Côté armement, rien n’est trop sérieux : calibre puissant, visée fiable, balle bien choisie. Et surtout, un mental de chasseur, pas de tireur. Le respect de la bête noire reste la règle, car si l’année à glands rend le sanglier méchant, elle rappelle surtout au chasseur que la nature commande, et que l’hôte des fourrés, c’est lui !