Les invasions biologiques représentent aujourd’hui l’une des principales menaces pour la biodiversité, avec des répercussions majeures sur les écosystèmes, la société et l’économie. Prévenir l’introduction et la propagation d’espèces exotiques demeure la stratégie la plus efficace pour limiter leurs impacts. Cependant, la réussite de cette prévention repose sur une compréhension fine de la répartition des espèces introduites, et de la dynamique des invasions au fil du temps. Malheureusement, les données existantes restent fragmentaires, inégales selon les régions et souvent incomplètes. Si des inventaires régionaux ou spécifiques à certains groupes taxonomiques existent, une vision globale est rare. L’évaluation menée par l’IPBES (Groupe intergouvernemental sur la biodiversité et les services écosystémiques) constitue donc un apport majeur, en dressant un état des lieux mondial des espèces exotiques dans différents taxons (bactéries, protozoaires, champignons, plantes et animaux). Les résultats confirment la présence d’espèces exotiques dans toutes les régions, y compris dans des zones isolées comme l’Antarctique ou les îles éloignées. Leur nombre est en constante augmentation et cette tendance s’accélère, quel que soit le groupe biologique étudié. L’évaluation met en lumière la difficulté d’obtenir un suivi fiable. Cependant, l’étude identifie six défis majeurs : améliorer la couverture géographique et taxonomique des données, harmoniser les méthodes de suivi, renforcer la coopération internationale, intégrer de nouvelles technologies, mieux relier la recherche scientifique à la décision politique et développer des stratégies de prévention efficaces. Elle souligne aussi l’urgence de combler les lacunes de connaissances afin de guider les politiques publiques et de renforcer les capacités de réponse face à ce phénomène global.