L'Afrique est au cœur d'une crise négligée : elle concentre les deux tiers des incendies planétaires, principalement causés par la pratique ancestrale du brûlis. Les satellites surveillent en temps réel ces feux qui brûlent des millions d’hectares chaque année, principalement dans la bande sahélienne et l'Afrique centrale. Bien que souvent contrôlés et intentionnels pour l'agriculture, ces incendies ont des conséquences dévastatrices sur l'environnement et la santé publique. La directrice de recherche au CNRS, Cathy Clerbaux, souligne que, malgré leur fréquence quotidienne, ces incendies passent souvent inaperçus par rapport aux événements médiatisés comme ceux de Californie. Pourtant, ils émettent des quantités significatives de CO2, contribuant ainsi au réchauffement climatique et réduisant les puits de carbone essentiels des forêts détruites. Cette pratique agricole traditionnelle devient de plus en plus problématique avec la déforestation croissante pour l'expansion des cultures. Un autre aspect alarmant est la pollution atmosphérique générée par ces incendies. La fumée contient un mélange toxique de gaz et de particules fines, rendant l'air respirable dangereux pour la santé. Cathy Clerbaux souligne que ces fumées peuvent contenir jusqu'à trente substances différentes, dont le monoxyde de carbone et des particules de suie nocives pour les poumons. En moyenne, l'Afrique est exposée à ces particules nocives pendant 32 jours par an, comparé à seulement un jour en Europe, mettant en danger la santé des populations même à des milliers de kilomètres des points d'origine.