Dans un contexte marqué par l’augmentation préoccupante des dégâts causés par les sangliers sur les exploitations agricoles, le préfet de la Meuse a pris une décision à la fois exceptionnelle et pragmatique : habituellement fixée au 1er juin, il a retardé l’ouverture officielle de la chasse au 1er août. Ce choix, loin d’être anecdotique, répond à une logique de terrain claire : concentrer l’action des chasseurs sur la protection des parcelles cultivées, là où la présence du gibier se traduit par des pertes économiques directes pour les agriculteurs. Cette orientation ciblée a immédiatement porté ses fruits. Plus de 2 200 chasseurs meusiens se sont engagés dans ce dispositif, donnant lieu à 562 demandes d’intervention auprès de la DDT meusienne. Le résultat est significatif : près de 1 700 sangliers ont été prélevés sur les seules surfaces agricoles au cours de l’été. Si ces chiffres demeurent modestes au regard de la population globale estimée (23 600 individus pour la saison 2025/2026), ils traduisent néanmoins une efficacité immédiate par l’effet de dissuasion. La simple présence des chasseurs, renforcée par les tirs, a contribué à éloigner les animaux des cultures, réduisant de manière tangible la pression sur les exploitations. La pertinence de cette décision préfectorale se mesure aussi à l’adhésion qu’elle a suscitée. Jamais auparavant les chasseurs meusiens n’avaient manifesté un tel niveau d’engagement dans les tirs estivaux. Cette mobilisation témoigne d’une évolution des pratiques cynégétiques : le recours à la chasse à l’affût et à l’approche, parfaitement adapté à ce type d’intervention, s’installe désormais comme un outil incontournable de régulation. Son efficacité pourrait encore être renforcée par l’installation progressive de miradors sécurisés, garantissant à la fois précision et sûreté des tirs. Au-delà des prélèvements réalisés, l’été 2025 aura surtout démontré qu’une coopération étroite entre agriculteurs, chasseurs et autorités publiques est non seulement possible, mais surtout indispensable. Les observations nocturnes des lieutenants de louveterie confirment toutefois que la vigilance doit rester de mise : les tirs d’été ne constituent qu’une étape, et les futures battues demeureront nécessaires pour tendre vers un équilibre durable entre agriculture et faune sauvage. En saluant la responsabilité collective et l’esprit de dialogue qui ont animé cette démarche, le préfet trace une voie à suivre : faire de cette dynamique une stratégie de long terme. L’anticipation, la concertation et la mobilisation constante devront être les maîtres mots afin de protéger durablement les cultures et préserver un équilibre harmonieux entre les différents acteurs du territoire.