Le programme Migralion, piloté par l’OFB, livre, après quatre années d’études inédites, une compréhension approfondie des migrations d’oiseaux terrestres et marins dans le golfe du Lion, en Méditerranée. Lancé en 2020 à la demande des ministères chargés de la biodiversité et de l’énergie, et financé à hauteur de 4,4 millions d’€ par l’État et les régions PACA et Occitanie, ce programme visait à combler un manque lacunaire de connaissances sur les déplacements de la faune volante en mer, un enjeu central face au développement de l’éolien offshore. Après trois années de suivis intensifs, et plusieurs téraoctets de données collectées, Migralion a permis d’identifier les espèces présentes, les périodes de migration et les zones privilégiées de passage, de nourrissage ou de repos. Les résultats montrent que les migrateurs terrestres, tels que les passereaux, concentrent leurs flux sur la partie ouest du golfe au printemps, tandis qu’en automne, toute la bande côtière élargie jusqu’à 50 km est utilisée. Les oiseaux marins, eux, fréquentent surtout la frange côtière durant la reproduction, avant de se disperser vers l’ouest du plateau du golfe en hiver. Ces connaissances inédites constituent une base scientifique essentielle pour évaluer les impacts environnementaux des futurs parcs éoliens en mer, et orienter les mesures d’évitement, de réduction et de suivi. Migralion met notamment en évidence des recouvrements entre zones migratoires et sites de projets éoliens, ce qui permettra d’affiner la planification des zones de développement d’ici 2050. Les résultats alimenteront également l’Observatoire national de l’éolien en mer et les plateformes de données de l’OFB. Le succès du programme repose sur des moyens technologiques innovants : radars côtiers et embarqués, suivis acoustiques, observations visuelles et balises GPS posées sur plus de 500 oiseaux de 18 espèces. Cette approche interdisciplinaire, réunissant chercheurs du CNRS, bureaux d’études et associations a permis de développer des modèles statistiques inédits utiles à l’écologie marine et terrestre. Migralion constitue ainsi une référence scientifique majeure, ouvrant la voie à une meilleure conciliation entre production d’énergie renouvelable et protection de la biodiversité méditerranéenne. (Photo OFB)