Plus de mille chercheurs, médecins et soignants ont conjointement adressé une lettre ouverte aux ministres de la Santé, de l'Agriculture, du Travail et de l'Environnement, le 5 mai dernier. Cette lettre, co-signée par des organisations telles que « Médecins du Monde » et « Alerte des médecins sur les pesticides », s'insurge contre la proposition de loi du sénateur Laurent Duplomb qui suggère de réintroduire des pesticides interdits depuis plusieurs années. Au cœur de la controverse se trouve la création envisagée d'un « comité d'orientation pour la protection des cultures » qui aurait le pouvoir de prioriser des pesticides considérés comme indispensables sans alternatives viables, contournant ainsi l'avis scientifique de l'Anses qui, depuis 2015, supervise rigoureusement ce processus dans un cadre scientifique et éthique strict. Les signataires craignent que cette initiative ne compromette l'indépendance de l'évaluation des risques pour la santé, associés à ces substances. La proposition de loi, discutée en commission du développement durable à l'Assemblée nationale, a déjà suscité une réaction sans précédent de la part du directeur général de l'Anses, Benoît Vallet, qui a averti qu'une adoption en l'état entraînerait sa démission.
Cette perspective, selon les signataires, représente une menace sérieuse pour la place de l'expertise scientifique dans le processus d'autorisation des pesticides en France, dont les néonicotinoïdes destructeurs des abeilles, et interdits en France depuis 2016. Après les sénateurs, ce sont les députés qui ont planché sur cette proposition de loi Duplomb, mardi et mercredi dernier. Sur 492 amendements déposés, 80 ont été adoptés par les députés et plusieurs mesures phares ont été retoquées, vidant de sa substance une partie de la proposition de loi. Mais cela devra encore être confirmé dans l’hémicycle de l’Assemblée, à partir du 26 mai prochain. Parmi les mesures mises sur la touche, il y a celle qui concerne le déploiement des « mégabassines », ces retenues d’eau destinées au stockage en vue d’une utilisation agricole. La majorité des députés de la commission ont approuvé l’amendement CD308 posant le principe d’un moratoire sur leur déploiement futur, et ce pour une durée de dix ans. (... il est instauré un moratoire suspendant la délivrance des autorisations pour la construction de méga-bassines tel que prévu par les articles L. 214-1 et suivants du code de l’environnement...).
alabillebaude
La chasse... demain !