Certes, cette situation est inquiétante quand on sait que le taux annuel de mortalité naturelle avoisine 60% chez la perdrix et 50% chez le faisan. Pour la perdrix rouge également, de très mauvais indices ont été relevés avec moins de 0,5 jeune par poule, et pour le faisan, les effectifs sont également en baisse après des années de hausse. Mais là encore, 2022 aura été une très mauvaise année de reproduction avec, en moyenne, moins de 2 jeunes par poule et une poule sur trois sans faisandeau. Pour le lièvre et le lapin, les problèmes sanitaires, toujours récurrents d’une année à l’autre, mettent également à mal les populations. Le retour vers une nature occupée par une faune abondante n’est donc pas pour demain, bien que des efforts nombreux et méritoires soient faits par une agriculture de plus en plus consciente des dégâts qu’elle a commis et qu’elle ne demande qu’à faire oublier. Un tiers des terres est maintenant traité en techniques sans labour, et le recours au couvert végétal est plus courant.
Quelques mesures phares
Cependant, d’une part tout n’est pas à mettre sur le dos des agriculteurs et d’autre part, on ne peut pas attribuer la disparition du petit gibier uniquement aux mauvaises conditions climatiques en période de reproduction, car elles ont toujours existé. En revanche, l’impact du temps sur la survie des poules sur les nids et des jeunes après éclosion, est totalement différent, dès lors que le milieu est accueillant ou pas. C’est ce qui explique, en partie, les différences de taux de reproduction d’un territoire à un autre, même voisin. Trois mesures sont donc indispensables à la survie des oiseaux et compatibles avec une agriculture de rendement :
- la perdrix est un oiseau qui se cantonne en bordure de champs, pour des raisons de nourriture et de prédation. Elle construit son nid, de préférence dans un champ de céréales, et dès que les oisillons naissent, la poule les entraîne dans la bande de rupture afin d’y trouver les insectes indispensables (apport de protéines). Mais ceux-ci sont de moins en moins présents à l’intérieur des parcelles. C’est donc en découpant différemment les parcelles en bandes longues et étroites que l’on augmente les lisières, plus riches en insectes.
- la rotation des cultures sur une même parcelle. Plus il y a d’emblavures différentes sur l’exploitation, plus la faune y trouve son intérêt, avec de la nourriture variée. C’est un bon exemple de restauration de la biodiversité, et pour l’agriculteur, l’avantage est certain, car dans tous les cas de rotations longues, on constate une disparition naturelle des mauvaises herbes, et donc moins de recours aux herbicides.
- réimplanter des haies : elles sont vitales dans les plaines dépourvues d’éléments fixes. Elles reconstituent un maillage favorable à l’installation des nids. Elles amènent une nourriture, aussi bien pour les jeunes en été que les adultes en hiver. Elles assurent une protection contre les rapaces et autres prédateurs. Certes, elles ont un coût, mais les services qu’elles rendent contre l’érosion, les vents desséchants, le ruissellement des eaux est très largement amorti.
Et c’est dans tous ces domaines que les chasseurs ont un rôle à jouer auprès des agriculteurs…