Des chercheurs en forêts tropicales utilisent de plus en plus la bioacoustique pour analyser les paysages sonores des écosystèmes. Ils ont testé une nouvelle approche qui pourrait fournir aux agences de conservation et aux communautés un moyen fiable et peu coûteux de surveiller la santé des forêts tropicales. La méthode divise les groupes d'animaux en larges classes de fréquences acoustiques. Au cours de leur étude, ils ont constaté que les bruits des animaux diminuaient et devenaient asynchrones dans les forêts perturbées par l'exploitation forestière. En revanche, dans les forêts non perturbées par l’activité humaine, règne une cacophonie quasiment continue d’appels et de chants d’animaux. En analysant ce « paysage sonore forestier » les scientifiques mesurent la santé de l’écosystème forestier dans son ensemble. Si, dans les régions tempérées et boréales du monde, les méthodes d’analyse et d’interprétation sont riches et variées, il n’en est pas même sous les tropiques, où les paysages sonores sont incroyablement plus complexes et où il existe relativement peu d’informations sur les sons des espèces. Dans ces milieux, les scientifiques qui ont eu du mal à distinguer les sons de certains mammifères de ceux des amphibiens, travaillent actuellement sur des algorithmes sélectifs, qui seront testés dans d'autres endroits à travers le monde, notamment au Gabon, au Mexique et en Sierra Leone. Bien qu’il n’ait pas participé à cette étude, Almo Farina, professeur honoraire d’écologie à l’Université d’Urbino, en Italie, a déclaré : « La quête pour mieux comprendre l'écologie des sons d'animaux est vitale. La communication acoustique joue un rôle crucial dans la formation des communautés animales, donc toute avancée dans les méthodes d’interprétation des sons est une bonne nouvelle… ». Il met néanmoins en garde contre une corrélation directe entre le paysage sonore et la biodiversité, étant donné le nombre d'espèces qui n'émettent pas de sons et la complexité de l'interprétation des paysages sonores tropicaux, dans lesquels de nombreuses espèces, comme les grenouilles, les insectes et même les oiseaux, utilisent des gammes de fréquences très étroites.