Dans le premier cas, le problème est relativement simple. N’ayant plus de petits, la laie se retrouve seule. Dès lors, ayant eu malgré tout une montée de lait, elle va se tarir lentement pour retrouver une vie normale trois à quatre semaines après la perte des marcassins. La femelle va donc revenir en chaleur, et cet œstrus se traduire par quelques jours de rut. Saillie en juin, elle mettra bas quelque 113 à 117 jours plus tard, c'est-à-dire en octobre. Ce phénomène, qui surprend bien souvent les chasseurs, est donc la conséquence de la météo de mars et avril. Cependant, on retrouve les mêmes problèmes avec ces portées d’octobre et les mêmes cas de figure peuvent, là encore, se produire. Si la météo est favorable, un certain nombre de marcassins pourront survivre… du moins aux conditions climatiques, car en période de chasse, peu développés et pas du tout aguerris, un certain nombre périra sous la dent des chiens. S’ils passent la saison de chasse sans rencontre fatale, à l’âge de six mois, soit vers la fin du mois de mars, voir même avril, leur poids n’excèdera guère les vingt kilos, alors qu’une croissance estivale leur permet d’atteindre, à ce même âge de six mois, une bonne trentaine de kilos. Cependant, malgré toutes ces embûches, les jeunes femelles qui franchissent ce cap difficile seront fertiles dans le courant de l’été… et donneront naissances à des petits quatre mois plus tard, perpétuant ainsi cette chaîne de reproduction dite « décalée ». En résumé, lorsqu’une laie perd en totalité sa première portée de printemps, et même si elle fait une deuxième portée en début d’automne, le nombre de marcassins viables qu’elle aura produit au cours d’une année sera très faible. A contrario, une laie qui n’a pas perdu tous ses marcassins en mars-avril, n’aura pas cet œstrus de juin, du fait qu’elle allaite encore, ne serait-ce qu’un seul marcassin survivant. Pour elle, le cycle suivant des chaleurs sera tout à fait normal et aura lieu à la fin de l’automne suivant. De la rigueur météorologique de mars et avril dépend donc à la fois l’abondance des populations de sangliers pour la saison de chasse suivante, mais aussi la possibilité d’un rut estival, à la fois surprenant, mais pourtant bien réel.