La reproduction du sanglier est tributaire du développement des femelles. En règle générale, deux cas peuvent se présenter : celui des jeunes laies primipares, l’autre étant celui des femelles subadultes et adultes. Pour ces dernières, dès l’âge de deux années révolues, le décalage du cycle des chaleurs est définitivement réglé, le régime matriarcal reprenant son cours normal. Chez le sanglier, en conditions naturelles, la structure sociale repose sur l'existence d'un groupe dirigé par la plus vieille laie, en général la plus expérimentée, au sein duquel il existe une synchronisation de la reproduction. La période du rut sera donc déclenchée par la femelle de la cellule familiale la plus âgée, la première à entrer en œstrus. Les mois les plus propices sont novembre, décembre et janvier, avec quelquefois une avance de plusieurs semaines, si l’automne est riche en glands. Cela peut amener les premiers accouplements dés fin septembre et des naissances fin janvier. Par contre, chez les jeunes laies, la première période des chaleurs peut intervenir à partir du 7e ou 8e mois, quelle que soit la période de l’année, si la masse corporelle acquise est de l’ordre d’une quarantaine de kilos. Dans tous les cas, pour la mise bas, la femelle parturiente s’isolera pour confectionner un chaudron destiné à dissimuler et protéger les jeunes contre le froid et l’humidité. La qualité des matériaux utilisés a donc une très grande importance. Des branchages fins, grandes herbes et mousse assureront une meilleure isolation, suffisamment éloignée du sol. Par contre, rien ne protégera les nouveaux nés des averses et autres giboulées. A la naissance, l'absorption rapide de colostrum sera essentielle pour l'apport énergétique et la protection immunitaire des marcassins qui disposent de peu de réserves. La consommation insuffisante et tardive de colostrum est une cause essentielle de mortalité précoce en raison du déficit énergétique conduisant à une hypothermie fatale. On comprendra que, par temps froid (janvier et février), les risques sont très largement amplifiés. Suivra ensuite le rythme des allaitements qui sera environ d’un par heure pendant les premières journées de lactation, avant de diminuer progressivement. Parmi les différentes classes d'immunoglobulines présentes dans le colostrum, les IgG sont responsables de la neutralisation des virus et des toxines et stimulent la phagocytose. Au total, et suivant les conditions climatiques, la période d'allaitement durera de 10 à 15 semaines environ. Si la jeune laie n’est pas en mesure de l’assurer entièrement, les marcassins subiront un sevrage précoce et forcé, générateur de perturbations comportementales, d’où l’importance de l’agrainage de dissuasion au printemps.
Le poids des jeunes
A la naissance, le poids du marcassin sera compris entre 400 et 800 grammes. Ses besoins vitaux en colostrum l'incite à rechercher immédiatement le contact avec sa mère. L'écrasement d’un marcassin dans le chaudron, par une femelle subitement dérangée est la première cause de mortalité, sans en être toutefois la plus importante. La durée de la mise bas est très variable, pouvant aller de quelques minutes à deux ou trois heures, suivant l’importance de la portée. Une durée d'expulsion plus longue, entraîne une augmentation de la mortinatalité par anoxie. Si cette anoxie n'est pas toujours immédiatement fatale, elle retarde et réduit la prise de colostrum des survivants, perturbant dans un premier temps la fonction de thermorégulation. Les informations olfactives semblent également jouer un rôle essentiel. En effet, à sa naissance, le marcassin est attiré par les odeurs émanant du corps maternel telles que celles des liquides fœtaux et du lait. D’autres indices, émis au niveau de l’allaite, favorisent la saisie de cette dernière. Bien que rien ne soit prouvé scientifiquement, la température de la région abdominale et l'orientation des soies de la mère auraient également un rôle simplificateur dans la recherche active du mamelon. En moyenne, le nouveau-né localise les allaites en moins d’une demi-heure après la naissance. Passé ce premier cap, s’il a eu la chance de survivre, le marcassin développera son squelette en fonction de la nourriture disponible et, bien sûr, de sa qualité. C’est là que des changements radicaux se sont produits dans le développement des populations de bêtes noires. Avec une prise de poids moyen de 2 kilos par mois, une jeune laie aura sa première portée au cours de son vingtième mois. Par contre, avec une prise de masse corporelle de quatre kilos par mois, elle pourra avoir sa première portée au cours du 14e mois, voir du 12e si elle a grossi au rythme de 5 kilos mensuels. C’est cela qui amène ces nouvelles générations qui naissent tout au long de l’année, bouleversant les idées reçues de laies qui pourraient avoir plusieurs portées dans l’année. Rappelons que, quand une seconde portée arrive, c’est toujours à la suite de l’éradication de la totalité de la portée précédente. Dans ces cas-là, on peut retrouver des naissances cinq à six mois après la période normale des mises bas, c’est à dire de juillet à septembre.