Le Conseil international de la chasse et de la conservation de la faune sauvage (CIC) et la Fédération européenne de la chasse et de la conservation de la nature (FACE) ont exprimé leur vive inquiétude face à la récente suspension des quotas de chasse au chevreuil en Roumanie. En collaboration avec l’Association nationale roumaine de chasse (AGVPS), ces organisations estiment que cette décision pourrait provoquer des déséquilibres importants dans les forêts, générer des dommages aux cultures, augmenter les risques sur les routes et affecter négativement les populations de chevreuils elles-mêmes. Cette suspension fait suite à une décision de justice de Brașov concernant la gestion des quotas, qui met l’accent sur le bien-être des animaux individuels plutôt que sur la régulation des populations. Or, la gestion de la faune sauvage vise précisément à maintenir des populations saines et des écosystèmes équilibrés. Sans intervention, les chevreuils peuvent dépasser la capacité de charge de leur habitat, provoquant un broutage excessif, la dégradation des forêts et un affaiblissement des individus eux-mêmes, avec une baisse de poids, de fertilité et de survie. Le chevreuil est le cervidé le plus répandu en Europe, de l’Ibérie à la Scandinavie et à l’Europe de l’Est. Ses populations ont fortement augmenté au cours des dernières décennies, passant de 1,7 million d’individus prélevés dans les années 1980 à 3,7 millions aujourd’hui selon le rapport FACE 2025. Des scientifiques roumains signalent que, dans certaines zones, la densité de chevreuils dépasse trois fois la capacité du territoire, entraînant la disparition de jeunes chênes, frênes et sapins et menaçant la biodiversité, le stockage du carbone et la qualité du bois. Les impacts dépassent les forêts : les agriculteurs voient leurs cultures endommagées, et le risque d’accidents de la route impliquant des chevreuils augmente. Comme le souligne le WWF Roumanie, la gestion de cette espèce commune devrait s’appuyer sur des principes scientifiques vérifiables et des décisions locales adaptées. La chasse représente également un pilier économique pour les zones rurales, générant des revenus pour les gardes-chasse, les forestiers et les entreprises locales. La suspension des quotas prive ces communautés de ressources essentielles tout en augmentant les coûts liés aux dégâts de la faune. Le CIC et la FACE, avec l’AGVPS, appellent les autorités roumaines à rétablir une gestion durable des populations de chevreuils, fondée sur la science et conforme aux engagements européens de conservation, garantissant à la fois la biodiversité et le bien-être des communautés locales.