On croyait naïvement que promouvoir le bio consistait à parler d’agriculture sans pesticides. Erreur ! Ce sont les fins nez de Libération qui ont soulevé le couvercle de la cocotte et nous ont appris que, pour l’agence de pub en charge du nouveau spot télé de l’Agence Bio, cela passait par une joyeuse soupe culturelle à base de casting calibré et de plats « internationaux », avec au menu initial : du couscous. Heureusement, le ministère de l’Agriculture a veillé au grain. Non pas au grain de semoule, mais à celui du terroir. Les services du ministre auraient donc demandé, dans un sursaut de bon sens culinaire, à remplacer dans ce spot télé, le couscous familial par un bon vieux cassoulet au canard. Un plat chaud, enraciné, fumant comme une cheminée en janvier : bref, un monument national. Mais ce simple échange a suffi à faire s’étrangler les esprits progressistes. Un plat maghrébin remplacé par un plat du Sud-Ouest ? Sacrilège ! Atteinte à la diversité ! Censure couscousienne ! C’est oublier un peu vite que le rôle du ministère de l’Agriculture, en France, c’est aussi de défendre ses productions locales. Et un cassoulet de canard, bio ou non, reste une fierté nationale, sans offense pour la semoule. Le plus comique dans cette affaire reste l’amateurisme zélé de l’agence de pub, qui pensait sans doute qu’un plat « ouvert sur le monde » allait suffire à incarner l’agriculture biologique hexagonale. Un peu de couscous, une famille Benetton, deux rires d’enfants et hop, vive le bio inclusif. Sauf que le bio, en France, ce n’est pas une image de banque de données. C’est un terroir, des producteurs, des recettes (culinaires), et parfois du confit de canard dans une cocotte. Pris au dépourvu, les communicants n'ont pas changé leur casting, sans doute trop tard, ou trop risqué, mais le plat, lui, a été corrigé. Et le ministère assume : « il fallait équilibrer la représentation des productions locales... ». Bien dit, ce qui laisse à penser que, dans l’Administration, il y a encore des gens qui comprennent que défendre l’agriculture, c’est aussi défendre un art de vivre. L’Agence Bio, de son côté, n’a pas commenté. Silence gêné ou digestion difficile ? Si la planète doit être sauvée, ce sera peut-être en mangeant moins de pesticides, mais sûrement pas en renonçant à ce qui mijote depuis des siècles dans nos marmites. Bon appétit, et... merci, Madame la Ministre.
Terroir et cassoulet : une pub pour le bio sauvée du wokisme alimentaire
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Terroir et cassoulet : une pub pour le bio sauvée du wokisme alimentaire