Du point de vue du tir proprement dit, deux cas de figure peuvent se présenter, car la difficulté n’est pas la même selon que le tir se fait avec ou sans optique. En visée ouverte, c'est-à-dire en utilisant seulement la hausse et le guidon, l’œil non directeur a toujours tendance à se fermer et à obliger l’autre à aligner parfaitement la ligne de mire. C’est du temps perdu car, par définition, et si l’arme est bien mise à la conformité du tireur, la hausse et le guidon sont parfaitement dans l’axe de l’œil directeur. L’autre œil peut donc rester ouvert pour élargir le champ de vision. Les optiques de type « point rouge » illustrent parfaitement cette situation, où il n’y a qu’un point à positionner sur la cible. L’œil directeur suffit à cette tâche et l’autre peut alors apprécier le reste du champ visuel. Dans le cas de l’utilisation d’une lunette de battue il est préférable de choisir un produit doté d’un point rouge afin « d’attraper » le plus rapidement possible la visée.

 

Combattre son instinct

Avec ou sans optique, le plus difficile est de combattre ce que l’on fait instinctivement, et fermer un œil correspond à un réflexe ancestral de l’humain. Il n’est donc pas aisé de tirer les deux yeux ouverts, mais avec un peu d’entraînement, on y parvient assez vite. Au départ, il faut s’imposer un léger temps de réflexion avant de tirer. Ce petit truc permet au conscient de s’imposer par rapport au subconscient. Cela permet surtout de bien contrôler le fait que le deuxième œil est ouvert. En répétant ce geste, le temps de mise en condition se raccourcit et le tir les deux yeux ouverts devient presque instinctif. On peut d’ailleurs se faire filmer au moment où l’on tire, cela permet de bien contrôler que les deux yeux restent ouverts. En effet, on croit parfois avoir tiré les deux yeux ouverts mais, au dernier moment, l’œil non directeur se ferme, perdant ainsi tout l’intérêt de garder un champ visuel élargi. Vient alors la question : comment s’entraîner ? La meilleure solution est de faire quelques parcours de chasse. Cette discipline, qui se pratique avec un fusil à canon(s) lisse(s), présente l’avantage de tirer sur des cibles en mouvement qui partent un peu dans toutes les directions. On perçoit donc très vite l’intérêt de garder les deux yeux ouverts. D’autre part ces séances de tir apportent de la souplesse et une aptitude à placer son corps dans toutes les positions. Il faut savoir que la principale cause des « ratés » provient de la mauvaise position du corps au moment du tir. Sur ce point, en ouvrant le champ visuel, on anticipe le déplacement de la cible, ce qui favorise immédiatement le positionnement de la partie basse du tireur (jambes et pieds), et la partie haute (buste, épaules et tête). De plus, cette technique permet de voir, au moment du tir, une éventuelle réaction de l’animal à l’impact, et la direction de sa fuite.