Dans les Cévennes, un éleveur lozérien a pris une décision radicale : envoyer l’ensemble de son troupeau à l’abattoir après une série d’attaques de loups. Situé dans le petit village du Pompidou, au cœur du Parc National des Cévennes, il a vu ses brebis décimées à plusieurs reprises en quelques mois. Une première attaque en novembre 2024 lui fait perdre 14 bêtes. Puis, en juin 2025, deux nouvelles attaques surviennent, dont une malgré sa présence nocturne sur l’exploitation. C’est la goutte d’eau. Incapable de continuer dans ces conditions, il se résigne à abattre ses 125 brebis. La détresse de cet éleveur est palpable. Il ne cache ni son abattement ni sa colère : « On a capitulé », lâche-t-il avec amertume. Pour lui, l’adaptation nécessaire à la présence du loup, avec des moyens de protection coûteux et complexes, est irréaliste dans certaines zones rurales. Il dénonce une forme d’écologie intensive, et déplore le retour d’un prédateur autrefois éradiqué. « La solution, c'est qu'il n'y ait plus de loups, mais c'est trop tard aujourd’hui, on est débordé » reconnait-il, dépité. L’éleveur pointe également une forme d’injustice : l’impression d’être tenu pour responsable de ne pas réussir à protéger son troupeau. Pour lui, exercer son métier ne devrait pas nécessiter autant de contraintes et de vigilance. Cette situation illustre un conflit de plus en plus vif entre la préservation de la biodiversité et la survie du pastoralisme. Le directeur adjoint du Parc National des Cévennes, Rémy Chevennement, reconnaît la gravité du problème : « Le pastoralisme est vital dans cette région, il structure l’économie locale, le paysage, et le tissu social » et souligne que des aides financières existent pour s’adapter (clôtures, chiens de protection, bergers), mais admet que ces solutions sont lourdes à mettre en place. Le mal est profond dans une profession déjà fragilisée, qui se trouve désormais prise en étau entre une réglementation protectrice des loups et une activité ancestrale, dont la pérennité est remise en question.
Trop d’attaques de loup : l’éleveur a fait abattre son troupeau
ACCUEIL
>
>
Trop d’attaques de loup : l’éleveur a fait abattre son troupeau