Un « deal » gagnant-gagnant : replanter davantage sous contrôle strict
Une solution simple aurait pourtant permis d’apaiser les tensions : conditionner tout arrachage de haie à une compensation renforcée et strictement encadrée. Le principe est clair : pour chaque mètre linéaire de haie arraché, l’agriculteur serait tenu d’en replanter deux mètres. Autrement dit, l’opération se traduirait par un gain net pour le bocage, tant en longueur qu’en qualité. Concrètement, l’agriculteur concerné déposerait une demande officielle auprès de l’OFB. Ce dossier préciserait la localisation exacte de la haie jugée gênante, sa longueur, ainsi que les raisons techniques motivant l’arrachage.
Surtout, il inclurait un projet détaillé de replantation : emplacements envisagés, essences choisies, linéaire total correspondant au double de la haie supprimée. Ce point est central : l’arrachage ne pourrait intervenir qu’après la réalisation complète des travaux de replantation. Une fois les nouvelles haies mises en terre, l’OFB procéderait à un contrôle sur site afin de vérifier la conformité des plantations : respect des longueurs annoncées, qualité des plants, cohérence écologique des implantations. Ce n’est qu’après validation de ces travaux que l’autorisation d’arracher la haie initialement gênante serait délivrée. Un tel mécanisme présente plusieurs avantages. Il garantit d’abord qu’aucune haie ne disparaît sans compensation effective. Il renforce ensuite le rôle de l’OFB comme autorité de contrôle, et non comme simple chambre d’enregistrement. Il incite enfin les agriculteurs à intégrer la haie dans une réflexion globale d’aménagement de leur exploitation, plutôt que de la considérer comme une contrainte isolée. Sur le plan environnemental, le bilan serait positif : davantage de haies, mieux positionnées, potentiellement plus diversifiées et mieux entretenues. Sur le plan agricole, il offre une souplesse encadrée, adaptée aux réalités du terrain, sans ouvrir la porte à des abus. Ce « deal » repose sur une logique de responsabilité et de confiance contrôlée, loin des caricatures. En définitive, le débat autour de ce décret illustre une fois encore l’importance de la méthode. Un texte mal expliqué peut devenir explosif, même lorsqu’il contient des pistes de compromis. À condition d’être clairement formulée et strictement encadrée, la règle des « deux mètres replantés pour un mètre arraché », sous contrôle préalable de l’OFB, pourrait pourtant constituer une base solide pour réconcilier production agricole et protection durable des paysages bocagers. (Photos OFB)