En pleine transition énergétique, le pellet de bois s’impose comme une alternative de plus en plus populaire aux énergies fossiles. Ces petits granulés issus de sciure et de copeaux séchés chauffent près de deux millions de foyers français, auxquels s’ajoutent environ 3 000 chaudières collectives. La filière connaît une croissance rapide : la production nationale est passée de 200 000 tonnes en 2008 à 2 millions en 2024, pour un chiffre d’affaires de 700 millions d’euros, et pourrait encore progresser en 2025. Cependant, cet essor économique s’accompagne de vives tensions sur le terrain. De nombreux projets d’usines se heurtent à des oppositions locales. Habitants, écologistes et professionnels du bois craignent une surexploitation des forêts et une industrialisation excessive des territoires. Dans le Jura, la société EO2 tente de relancer un projet annulé, tandis qu’à Guéret (Creuse), une manifestation de 3 000 personnes a contesté en 2024 l’installation d’une usine du groupe Biosyl, déjà implanté dans la Nièvre et en Haute-Loire. Ces tensions reflètent la raréfaction de la ressource forestière, aggravée par le changement climatique, les sécheresses répétées et la prolifération d’insectes ravageurs. Selon les experts et les professionnels du bois, il est indispensable de maintenir une hiérarchie des usages : d’abord le bois d’œuvre pour la construction, puis le bois industriel, et enfin le bois-énergie. Mais les industriels du secteur bois-énergie se défendent : aucune coupe rase n’est destinée à la production de granulés, précisant que : « Entre 70 % et 95 % de la matière première proviennent de coproduits de scierie (sciure, copeaux, plaquettes), et seulement 5 à 30 % de bois proviennent d’éclaircies ou de coupes sanitaires. D’un point de vue économique, il serait d’ailleurs absurde d’utiliser du bois d’œuvre, vendu environ 70 € le m³, pour fabriquer du bois-énergie, qui ne rapporte que 10 à 20 € le m³... ». Aujourd’hui, la filière du pellet représente 20 000 emplois directs et 2,3 milliards d’euros de chiffre d’affaires global. La France compte 75 usines, dont 60 % intégrées à des scieries qui valorisent leurs sous-produits, 30 % de producteurs indépendants et le reste constitué de coopératives agricoles.