Certaines régions forestières s’amusent déjà du phénomène et l’utilisent comme moteur de découverte. Les massifs denses du Jura, des Vosges, du Morvan ou du Massif central, où la brume, les arbres serrés et les vallons silencieux stimulent volontiers l’imaginaire, se prêtent particulièrement bien à cette « chasse au mystère ». Quelques associations locales proposent même des « sorties cryptozoologiques » éducatives, l’occasion d’apprendre à reconnaître les empreintes, écouter les chants d’oiseaux, comprendre la dynamique des forêts, ou simplement s’entraîner à marcher plusieurs heures sans autre récompense que le plaisir d’être dehors. L’intérêt de cette pratique ne réside d’ailleurs pas dans la découverte d’un éventuel géant velu, dont personne ne peut sérieusement garantir l’existence, mais dans ses effets collatéraux. Le bigfooting réenchante le rapport à la nature. Il incite à l’observation fine, à la patience, au silence, à la contemplation, à la curiosité. Et, par un heureux hasard, il contribue aussi à la protection des milieux. Certaines zones forestières profitent de cette mode pour valoriser des sentiers, rappeler l’importance des habitats préservés ou sensibiliser à la fragilité d’espèces bien réelles celles-là. Au fond, chercher un animal mythique est un prétexte, mais un excellent prétexte pour renouer avec les espaces sauvages français. Une sorte d’alpinisme de l’imaginaire, où la récompense n’est pas la rencontre fortuite avec « le monstre », mais le chemin parcouru, la forêt respirée, la solitude retrouvée. Le bigfooting n’est donc pas un sport de crédules, mais une discipline pour ceux qui aiment la nature… et qui apprécient qu’elle leur raconte encore des histoires. On part pour traquer une légende, on revient avec un peu plus de réalité. Et c’est peut-être ça, le vrai exploit.