Dix mois après une affaire ayant largement enflammé les réseaux sociaux, deux chasseurs étaient jugés à Argentan le 9 décembre 2025 pour avoir achevé un cerf dans la propriété de Luc Besson, à Saint-Nicolas-des-Laitiers. Le 21 février 2025, au terme d’une action de chasse coordonnée par la société du massif de Saint-Évroult, l’animal s’était réfugié dans le jardin attenant à la maison occupée par la mère du cinéaste, âgée de 85 ans. C’est elle qui, témoin directe, avait filmé la scène où les chasseurs mettaient fin aux jours du cervidé à l’aide d’une dague, avant qu’elle ne soit diffusée en ligne, donnant à l’affaire une dimension nationale.
L’enquête menée par l’OFB et la gendarmerie a établi qu’il ne s’agissait ni d’une chasse à courre ni d’une battue administrative, mais d’une opération de chasse classique. Les deux hommes comparaissaient pour « chasse non autorisée sur le terrain d’autrui » et « chasse à l’aide d’un moyen prohibé ». Le procureur a rappelé que la sécurité et le respect de la propriété privée constituent des principes fondamentaux : selon lui, les chasseurs sont « entrés illicitement » dans l’enceinte familiale, et la blessure mortelle n’a été infligée qu’au moment de l’achèvement. À la barre, Luc Besson, profondément marqué par les images filmées par sa mère, a déclaré avoir été « choqué » par la scène. Toutefois, il a tenu une position mesurée : il a réclamé un euro symbolique pour lui-même et pour sa mère, reconnaissant en filigrane la complexité de la situation et la détresse qu’elle avait suscitée des deux côtés. Les chasseurs, eux, ont expliqué avoir agi dans l’urgence. L’un d’eux, âgé de 41 ans, a affirmé avoir été « obligé de tuer » le cerf, selon lui agonisant : « Il souffrait, il était allongé sur la terrasse. Il fallait abréger ses souffrances ». Certes, l’inspecteur de l’OFB a indiqué que l’animal n’était peut-être pas mortellement blessé au moment de sa découverte ; cependant, le fait même que le cerf ait pu être achevé à l’arme blanche montre qu’il n’était plus en état de fuir et se trouvait vraisemblablement condamné. Les chasseurs ont également rappelé le danger potentiel que représente un cervidé affolé dans un espace restreint, en présence de chiens mais aussi d’une personne âgée sortie pour leur demander de quitter les lieux. Le procureur a demandé plusieurs amendes, un stage de sensibilisation à la réglementation cynégétique et un retrait du permis de chasse pour un an. Le tribunal rendra sa décision le 20 janvier 2026.
Cerf abattu dans la propriété de Luc Besson : deux chasseurs jugés à Argentan
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Cerf abattu dans la propriété de Luc Besson : deux chasseurs jugés à Argentan