CoP 30 : une conférence climatique marquée par l’impasse et les renoncements
Organisée en Amazonie et présentée comme la « COP des forêts », la CoP30 s’est conclue sur une note largement décevante. Alors que le monde attendait un engagement ferme sur la sortie des combustibles fossiles et une stratégie claire pour stopper la déforestation, les négociations ont échoué à produire les résultats structurants nécessaires pour contenir le réchauffement mondial. Les attentes étaient pourtant fortes.
Depuis la CoP 28 de Dubaï, où les combustibles fossiles avaient été identifiés explicitement comme la cause majeure du dérèglement climatique, beaucoup espéraient une feuille de route opérationnelle, assortie d’échéances, pour engager leur élimination progressive. Mais les discussions ont vite buté sur une fracture profonde : d’un côté, une coalition de plus de 80 pays, dont la Colombie, le Royaume-Uni et la France, plaidant pour un texte ambitieux ; de l’autre, un bloc mené par l’Arabie saoudite, d’autres États pétroliers et la Russie, farouchement opposés à toute mention contraignante. Résultat : aucun accord juridiquement engageant n’a été adopté. Le texte final, appelé Mutirão Mundial, réaffirme l’attachement à l’Accord de Paris mais ne contient aucune référence explicite aux combustibles fossiles, omettant ainsi de préciser les moyens concrets pour maintenir l’objectif de +1,5 °C. Sur la question cruciale de la déforestation, les avancées sont tout aussi limitées. Alors que la conférence se tenait au cœur de l’Amazonie, le sommet n’a débouché que sur un accord volontaire et sur quelques engagements financiers, dont 6 milliards de dollars destinés à soutenir les communautés locales. Cet effort, bienvenu, demeure toutefois très inférieur aux besoins réels et ne s’accompagne d’aucune feuille de route claire pour atteindre l’objectif, fixé à Dubaï, de mettre fin à la perte des forêts d’ici 2030. Le volet de l’adaptation aux impacts climatiques enregistre quelques progrès : les États se sont accordés pour tripler les financements destinés aux pays vulnérables, soit environ 120 milliards par an. Mais cette enveloppe ne représente qu’une redéfinition des fonds existants et ne sera pleinement opérationnelle qu’en 2035, loin de l’urgence actuelle. Pour de nombreux observateurs, la CoP 30 illustre une nouvelle fois la difficulté de concilier intérêts nationaux, réalités géopolitiques et impératifs environnementaux. Malgré quelques gestes symboliques, la conférence laisse un sentiment d’inachevé : la transition énergétique mondiale attend toujours sa véritable impulsion, et les forêts, pourtant essentielles à la stabilisation du climat, demeurent insuffisamment protégées.