Le « Mediterranean Waterbirds Network » (MWN / Réseau Oiseaux d’Eau Méditerranée – ROEM) joue un rôle central dans la coordination des dénombrements d’oiseaux d’eau à l’échelle du bassin méditerranéen. Créé en 2012 dans le cadre de l’initiative africaine de l’accord AEWA (African Eurasian Waterbird Agreement), le réseau a pour objectif principal d’améliorer la qualité et la quantité des données de comptage en favorisant les échanges techniques entre pays, la formation des coordinateurs nationaux et la standardisation des méthodologies de surveillance. Entre 2019 et 2023, treize pays méditerranéens ont soumis des rapports nationaux intégrés dans une synthèse méditerranéenne générale, qui compile et analyse les résultats des comptages annuels réalisés dans les zones humides du pourtour méditerranéen. D’après les données de cette synthèse, 222 zones humides répondent aux critères d’importance internationale établis par la Convention de Ramsar (critères 5 et 6, basés sur les comptages d’espèces migratrices et d’effectifs dépassant 20 000 individus ou 1 % de populations biogéographiques), dont près de la moitié est déjà désignée comme site Ramsar, soulignant l’importance écologique de ces milieux pour les oiseaux d’eau. L’analyse des tendances observées sur cette période révèle une situation contrastée. Bien que certaines populations d’oiseaux d’eau présentent des signes de stabilisation ou d’augmentation, notamment dans certaines régions d’Europe du Nord Ouest bénéficiant de politiques de conservation efficaces, plusieurs espèces continuent de faire face à des déclins préoccupants. Parmi elles figure la ferge (ergistature) à tête blanche (Oxyura leucocephala), classée en danger par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), dont le déclin est principalement lié à la perte d’habitats humides, à la pollution et à la dégradation des milieux aquatiques. La menace représentée par la grippe aviaire hautement pathogène pèse également sur les populations d’oiseaux d’eau migrateurs et hivernants. La synthèse méditerranéenne note la nécessité de surveiller l’évolution des souches virales, de rapporter toute mortalité inhabituelle et de renforcer la coopération entre autorités sanitaires et ornithologiques pour minimiser les impacts sur les espèces sauvages. Cette synthèse met en évidence l’importance cruciale des réseaux de comptage coordonnés comme le MWN pour suivre l’état des populations d’oiseaux d’eau, alimenter les conventions internationales telles que Ramsar et AEWA, et orienter les décisions de conservation. Elle souligne aussi l’urgence à renforcer la protection des zones humides, à intensifier la sensibilisation et à améliorer la gestion des prélèvements et des activités humaines affectant ces habitats, afin de soutenir durablement les espèces les plus menacées dans la région méditerranéenne, riche en biodiversité mais vulnérable aux pressions environnementales.