Décidément, certaines associations écologistes vosgiennes ont la critique facile et la manche molle. Sous des titres tonitruants comme : « C’est un fiasco », elles s’empressent d’enterrer un projet à peine né, sans jamais s’interroger sur ce qu’elles pourraient faire, elles, pour améliorer la situation. Dénoncer, pointer du doigt, rédiger des communiqués indignés : voilà leur sport préféré. Pendant ce temps, ceux qui retroussent les manches pour tenter de redonner vie à la nature vosgienne se heurtent à un mur de mauvaise foi. Oui, des oiseaux sont morts. Oui, les résultats ne sont pas encore à la hauteur des espérances. Mais quel projet écologique de long terme réussit du premier coup ? Faut-il rappeler que la réintroduction du bouquetin ou du gypaète barbu a connu, elle aussi, ses revers avant de devenir des succès exemplaires ? Les mêmes qui conspuent aujourd’hui le parc des Ballons des Vosges auraient sans doute crié à l’échec dès la première perte. C’est plus simple que d’apporter un peu d’aide sur le terrain. Et puisqu’il est question d’argent, remettons les chiffres à leur place : 200 000 € ont été investis pour tenter d’enrichir la nature en ramenant un oiseau emblématique de nos forêts. C’est peu, comparé aux dizaines de millions d’euros engloutis pour « gérer » les loups, comprendre indemniser les dégâts, entretenir la bureaucratie, et ruiner les éleveurs. Là, personne ne parle d’échec. Apparemment, quand un prédateur décime les troupeaux, cela s’appelle « biodiversité », mais quand on essaie de sauver un gallinacé forestier, c’est de « l’improvisation permanente ». Cherchez l’erreur ! Le tribunal administratif de Nancy, lui, a tranché : la réintroduction du grand tétras présente un intérêt général suffisant pour justifier sa poursuite. Ce jugement, les associations l’ont oublié aussi vite qu’elles comptent les cadavres. La conservation du grand tétras est un défi, pas une promenade de santé, et ce défi mérite d’être relevé. Ce projet n’est pas un fiasco. C’est une tentative courageuse de réparer un patrimoine naturel que d’autres ont laissé dépérir. Et si, au lieu d’espérer que le bateau coule, certains prenaient enfin une rame ? Peut-être que la nature, elle, s’en porterait mieux.