Selon l’endroit et l’animal chassé, les besoins ne sont pas les mêmes et il faudra donc adapter, d’une part la race employée, et d’autre part une éducation appropriée. Par l’éducation, on va développer des qualités qui existent déjà et qui ne demandent qu’à s’extérioriser de façon naturelle. Ceci concerne les caractères intrinsèques à tous les chiens courants, et il suffit pour cela, la plupart du temps, de favoriser leur essor par des sorties et entraînements fréquents. Mais les besoins diffèrent d’un chasseur à l’autre. Pour poursuivre la bête noire sur de grands territoires, il conviendra de favoriser des chiens vigoureux ayant grand fond. Certains piqueurs demandent à leurs auxiliaires de rapprocher, mener et tenir le ferme, ce qui s’apparente à du « tout en un » et demande donc une sélection encore plus rigoureuse. D’autres, les chasseurs de lièvres par exemple, attendent de leurs chiens qu’ils soient très « fin de nez », appliqués, et qu’ils ne se rabattent pas sur tout animal dont la voie serait plus forte, donc plus facile à suivre. Dans les deux cas, les chiens doivent donc être créancés. Bien que cela concerne davantage la vénerie, à pied ou montée, la question n’est pas nouvelle et les réponses multiples qui y ont été apportées n’ont jamais entièrement satisfait les propriétaires de meutes. Lorsqu’on examine les anciens traités ou recueils cynégétiques, il apparaît assez clairement que le chasseur à tir, la plupart du temps, chassait tous les gibiers... de même que ses chiens.
Deux qualités à rechercher : créancé et de change
En fait, bien souvent, il s’occupait de l’animal qui se trouvait devant eux. Les temps ont changé et il apparaît aujourd’hui comme nécessaire d’avoir des chiens « propres », c’est-à-dire qui ne chassent que le gibier que l’on souhaite capturer. Cela est devenu une quasi-obligation pour la plupart des petits équipages à tir, en particulier pour le lièvre et le sanglier, mais aussi pour le chevreuil, lorsqu’il est chassé dans les règles. Il est admis que certains chiens et certaines races sont plus faciles à créancer que d’autres. Dans ce cas, il ne s’agit plus d’éducation mais de dressage, puisque le but est d’empêcher le chien de suivre son instinct naturel et de l’obliger à ne chasser que la voie du même animal. Dans la continuité de cette réflexion, le chien de change peut-il être une alternative pour la chasse à tir ? Rappelons qu’un chien de change et justement un chien qui ne change pas… d’animal de chasse. Doit-il être créancé ? Il l’est par définition puisqu’il a vocation à maintenir la même voie jusqu’à l’aboutissement de la chasse. Indispensable en vénerie, ce chien de change évite les erreurs fréquentes quand un animal poursuivi cherche à livrer aux chiens un congénère afin qu’il puisse échapper lui-même à la meute de poursuivants. Chaque piqueur doit donc avoir connaissance des qualités de ses chiens, et savoir en qui il peut avoir confiance en cas de difficultés à relever une voie. On peut donc avoir des chiens non créancés, mais qui sont parfaitement de change, gardant au bout de leur nez l’animal qu’ils ont lancé. Il est vrai que cela s’avère beaucoup plus difficile pour certaines races que pour d’autres, et il est généralement admis que les griffons, et en général tous les courants à poils durs, sont moins sages que les poils ras, ceci étant, bien entendu, un caractère général qui supporte quelques exceptions.