Les défenseurs du loup aiment vanter son rôle de « régulateur » dans la chaîne alimentaire, mais ce discours mérite d’être confronté au terrain. Dans un écosystème aussi fragmenté et géré que celui de la France, les « services écologiques » du loup sont largement anecdotiques, voire contre-productifs. La prédation exercée sur les ongulés sauvages (sangliers, cerfs, chevreuils) ne suit plus les équilibres naturels d’un écosystème vierge. Pire, dans certaines zones, les loups désorganisent les dynamiques de populations, poussent les proies à fuir vers des zones agricoles ou périurbaines, et accentuent les déséquilibres. Quant aux éleveurs, ils sont en première ligne. Malgré les clôtures, les chiens de protection et les aides publiques, les attaques se multiplient. Des milliers de têtes de bétail sont tuées chaque année, et ce chiffre est en constante augmentation. Loin d’être de simples « dommages collatéraux », ces prédations sont vécues comme un traumatisme par les éleveurs. Fatigue, angoisse, découragement : une profession déjà en crise se voit en plus privée de son droit le plus élémentaire : protéger ses bêtes.
L’État dépassé ?
Face à cette réalité, la réponse des pouvoirs publics oscille entre déni et impuissance. Les mesures de régulation sont timides, souvent inapplicables, et ne permettent pas de contenir la prolifération. La sacralisation du loup dans certains discours politiques, ou militants, empêche tout débat serein. Derrière les chiffres officiels, les dégâts réels sont minimisés, mal recensés ou mal indemnisés. De plus en plus d’éleveurs dénoncent une gestion à deux vitesses, où le prédateur est protégé... mais pas ceux qui subissent ses attaques. Animal sans utilité avérée dans notre territoire moderne, le loup s’impose aujourd’hui par la contrainte, non par la légitimité. Dans un pays densément peuplé, où l’espace naturel est sous pression permanente, vouloir faire cohabiter pastoralisme, activités humaines et grands prédateurs relève d’un mythe idéologique. Faute de contrôle réel et d’une volonté politique claire, la prolifération du loup conduira tôt ou tard à une impasse. La question n’est plus de savoir si le loup peut vivre en France, mais jusqu’à quand on feindra de croire qu’il le peut...